Oran : Accusé pour le meurtre d’un militant politique algérien, il aurait été torturé pour livrer ses aveux

Redaction

Le procès pour le meurtre d’Ahmed Kerroumi, un militant politique algérien qui s’ouvre ce lundi 9 décembre à Oran, devra également gérer une présumée affaire de torture. En effet les avocats de la famille de la victime et de l’accusé principal qui comparaît aujourd’hui dénoncent le traitement que son client a subi. Un traitement qui s’apparente à de la torture.

La Commission internationale de juristes et Amnesty International ont déclenché la sonnette d’alarme, en publiant un communiqué dans lequel ils relatent, pour la première fois, publiquement les forts soupçons qui pèsent sur les officiers de police qui avaient interrogé Mohamed Belbouri. L’homme âgé de 29 ans, comparaît comme seul accusé dans l’affaire du meurtre du professeur Ahmed Kerroumi, un militant politique algérien. Ce dernier aurait des traitements indignes au moment de sa détention et notamment lors d’interrogatoires « musclés ».

« Les deux organisations déplorent que le procès de Mohamed Belbouri ne soit pas conforme à ces normes, et bafoue notamment le droit des accusés d’être présumés innocents et le droit de se défendre. En outre, elles s’inquiètent des allégations selon lesquelles Mohamed Belbouri a subi des actes de torture et des mauvais traitements lors de son interrogatoire dans les locaux de la police du 12 au 17 mai 2011, semble-t-il dans le but de lui faire « avouer » le meurtre d’Ahmed Kerroumi », écrit Amnesty International dans son communiqué.

Les deux organisations se basent sur le témoignage de l’accusé dont le procès s’ouvre dès aujourd’hui au tribunal pénal d’Oran. Si les allégations sont fondées, elle pourrait impacter sur l’issue du procès car les procédures de détention et d’interrogation n’ont pas été respectées. Or « Mohamed Belbouri affirme qu’on lui a asséné des coups sur le crâne, au visage, dans le ventre et sur les pieds, qu’il a été électrocuté, contraint de rester agenouillé pendant des heures avec une chaise sur la tête, et qu’on l’a menacé de maltraiter ses proches s’il ne passait pas aux « aveux » », rapporte l’ONG. Et d’ajouter « les deux avocats qui représentent les accusés et la famille du professeur Ahmed Kerroumi ont affirmé que le procès était entaché d’irrégularités ; le tribunal a notamment refusé d’autoriser la défense à faire citer des témoins et à procéder au contre-interrogatoire des témoins, y compris l’expert médico-légal qui a réalisé l’autopsie d’Ahmed Kerroumi, et à remettre en cause et examiner les preuves avancées par l’accusation. »

Ainsi la Commission internationale de juristes et Amnesty International  appellent à un respect total des droits du détenu et à un procès équitable. Des aveux arrachés sous la torture ne seraient pas recevables par la justice.

« Les autorités algériennes doivent respecter et garantir le droit de Mohamed Belbouri d’être entendu équitablement devant un tribunal indépendant et impartial, conformément aux normes internationales d’équité » a indiqué Wilder Tayler, secrétaire général de la Commission internationale de juristes.