La façon de vivre des algériens donne lieu à des êtres «introvertis». C’est ce que pense le sociologue Khaled Karim exerçant au Centre de recherches en économie appliquée pour le développement (Cread) à Alger.
Interviewé par l’APS, Khaled Karim a indiqué, par exemple, que l’absence d’une vie nocturne dans le pays est un «processus naturel» au vu de ce qu’a vécu la population durant les années quatre vingt dix. La grave détérioration de la situation sécuritaire à l’époque a, selon lui, influé négativement sur le comportement des Algériens. Néanmoins, ajoute le sociologue, cela n’est pas la raison principale. Khaled Karim estime que les Algériens ont, de tous temps, été «été réticents à la vie publique mixte et nocturne, contrairement à la majorité des autres sociétés». La préférence de la société algérienne va vers, indique-t-il, les «espaces de convivialité sexués», des lieux fréquentés exclusivement par les hommes ou les femmes. A chacun ses cercles. Relevant une «régression» par rapport aux années soixante et soixante dix, le sociologue met en cause aussi l’intégrisme religieux et l’orientation politique dominante qui empêchent l’émergence d’un individu «autonome» où «l’altérité est un élément intégré dans l’éducation civique».
A noter que les responsables de l’APC d’Alger centre, dans le souci de ranimer une vie nocturne, ont décidé de demander à certains cafés et restaurants de quelques boulevards, Didouche Mourad pour l’instant, notamment ceux disposant de terrasses, d’ouvrir leurs portes jusqu’à une heure tardive de la nuit. Cela a commencé il y a quelques jours. Plusieurs propriétaires de ces salons indiquent que la principale préoccupation des citoyens est la sécurité. Il y a aussi le problème du transport. Mais, même si cette démarche réussit, cela risque d’être circonscrit à ces quelques boulevards de la capitale.
Elyas Nour