« L’application de la peine de mort serait un service rendu aux kidnappeurs »

Redaction

La peine de mort est-elle la  peine qu’il faut appliquer à l’encontre d’un auteur d’enlèvement ? A cette question, les algériens ont, semble-t-il, trouvé une réponse : à l’unanimité, ils disent oui. Mais les juristes, les psychologues, les psychiatres et les spécialistes de la protection de l’enfance affichent leur divergence sur cette délicate question.

Ainsi, à titre d’exemple, l’universitaire et juriste Hocine Bouchina a estimé que la peine de mort « n’est pas là la meilleure solution » pour éradiquer les enlèvements d’enfants. Cet expert a  souligné, dans une déclaration à l’APS, que l’expérience a démontré que « plus la peine sera lourde, plus le crime s’amplifie » ! « Le législateur, lorsqu’il a durci la peine relative au trafic de la drogue, ce phénomène s’est accentué, idem pour le code de la circulation qui a été révisé et pris la forme d’un code pénal bis, mais malheureusement les accidents de la route n’ont fait qu’augmenter », a-t-il encore analysé.  Pour le professeur Bouchina, « le meilleur remède pour éliminer ce phénomène réside essentiellement dans la révision du système éducatif, social, moral et religieux », a-t-il plaidé en faisant observer que « la société civile » ne joue, malheureusement, plus son rôle comme il se doit.

De son côté, maître Sadek Chaib, avocat à la Cour suprême, considère que la solution serait « d’imposer une sanction sévère et exemplaire à l’encontre du kidnappeur, voire même l’isoler dans sa cellule de prison en le privant d’une libération conditionnelle quelles que soient les causes ».   Me Chaib a affirmé que « l’emprisonnement à vie » doit être la peine qu’il faut infliger à ce genre de criminels, mais pas la « peine capitale », justifiant ses propos par le fait que « l’application de la peine de mort » serait un service rendu au criminel, a-t-il expliqué aussi dans une déclaration à l’APS. Pour ce qui est de l’enlèvement assorti d’une demande de rançon, Me Chaib a souligné qu’une grande partie des familles des victimes d’enlèvements « paient la rançon pour obtenir la libération de leurs enfants sans recourir aux services de sécurité ». Cet avocat a appelé, enfin, à « durcir la peine contre le payeur de la rançon, dans la mesure où il encourage le kidnappeur à récidiver ».