Une mésaventure qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Les passagers du vol d’Air Algérie entre Alger et Marseille se sont retrouvés bloqués dans l’aéroport toute une soirée après que deux pneus de l’avion les transportant aient explosé à l’atterrissage. Remontés, ils dénoncent le manque d’assistance de la compagnie aérienne.
Un voyage en enfer. Le titre de cet épisode de la fameuse trilogie Die hard, avec Bruce Willis, scie parfaitement au trajet rocambolesque reliant Alger à Marseille, effectué par une centaine de personnes dimanche 12 mai. Parti à 19h avec plus de 45 minutes de retard de l’aéroport Houari Boumediene, l’avion d’Air Algérie a atterri avec fracas une heure et demie plus tard sur le tarmac de Marignane-Marseille. Au contact du sol, deux pneus du Boeing B737-600 ont littéralement éclaté. L’équipage a réussi à garder le contrôle de l’appareil, qui est arrivé en bout de piste. A bord, les passagers ne se sont rendus compte de presque rien. « J’ai juste senti que l’atterrissage ne se faisait pas en douceur », raconte Hamza, une jeune franco-algérien de 31 ans. Immobilisés pendant plus d’une heure, les voyageurs ont attendu sereinement l’arrivée de bus pour être évacués et transportés jusqu’à l’aérogare. « A ce moment là personne ne se plaignait, c’est après que les choses se sont gâtées », explique Hamza.
« On a été traité comme du bétail »
Leur attente s’est effectivement prolongée jusque tard dans la nuit, à l’intérieur de l’aéroport marseillais. Livrés à eux-mêmes, les passagers du vol d’Air Algérie ont attendu de longues heures pour pouvoir récupérer leurs bagages. « Pour ne pas gêner le flux des avions, ils ont attendu pour déplacer l’avion et nous amener nos bagages », dénonce Hamza, encore très en colère contre la compagne algérienne.
Outre le retard, c’est le manque de communication et le comportement ingrat du seul représentant de la compagnie aérienne avec laquelle ils ont voyagé que les passagers n’ont pas toléré. « On a été traité comme du bétail », accuse Hamza. « Quand on a demandé à l’agent d’Air Algérie des informations sur le déchargement de nos valises, il n’a rien voulu nous dire. A un moment, il nous a même lancé énervé : « je travaille plus pour Air Algérie, je travaille pour Aigle azur », confie Hamza, encore excédé par cette attitude.
Une négligence de l’équipage à l’origine de l’accident ?
Pour le jeune franco-algérien, la négligence de l’équipage est probablement en cause dans l’accident à l’origine de leur mésaventure. « Il est arrivé à Alger avec du retard, l’équipage a à peine eu le temps de préparer l’avion pour le vol suivant », explique Hamza, qui rappelle qu’une collusion entre un pneu et une lamelle métallique était à l’origine du crash du Concorde.
De leur côté, les familles venus chercher les passagers ont vécu le même cauchemar. « Ils ont refusé de les dédommager pour le parking. Mon père était obligé de sortir la voiture du parking toutes les 40 min pour ne pas payer une fortune sa place de stationnement. C’est inadmissible ! », lance Hamza.
Dans le hall de l’aéroport, des personnes âges, des enfants et des travailleurs qui commençaient tôt leur journée le lendemain matin. « L’un d’entre eux devait reprendre à 5 h du matin », souligne Hamza. Après une heure de patience, et toujours sans explicitation de la part de la compagnie aérienne, les clients ont proposé au seul préposé d’Air Algérie de bien vouloir faire livrer leur bagage. « Il nous a répondu « rien du tout » », rapporte Hamza.
Une attente de plus de 3 h !
Le ton est monté d’un cran à 1h du matin entre les passagers du vol et le représentant d’Air Algérie, quand ce dernier a refusé de fournir des justificatifs de retard. « Un père de famille lui a demandé un document officiel pour justifier le retard de son fils, étudiant à l’université, le lendemain matin en cours. Mais l’agent d’Air Algérie les a poussés hors de son bureau et a menacé d’appeler la gendarmerie », raconte Hamza. Loin d’être conciliant, le préposé de la compagnie aérienne algérienne a claqué la porte, quittant sur le champ l’aéroport.
Après son départ, c’est l’adjoint du chef d’escale en personne qui est venue à la rencontre des passagers, en colère. « Il a voulu nous rassurés en tenant un discours apaisant », explique Hamza. Sous les coups de 1h30 du matin, soit plus de trois heures après leur arrivée, les voyageurs ont enfin pu récupérer leurs affaires et quitte l’aéroport. Avec la certitude pour certains de ne plus jamais emprunter un vol d’Air Algérie. « Cette compagnie aérienne mérite amplement sa mauvaise réputation. On a risqué notre vie. On s’est retrouvé en bout de piste. Et si l’avion était allé jusqu’à l’étang de Berre » qui borde l’aéroport ?, s’interroge Hamza tout en se promettant de boycotter à l’avenir les lignes d’Air Algérie.