Un jour de congé en semaine ! Idéal pour aller flâner dans les rues d’Alger. Arpenter les rues de la capitale en plein jour de Ramadhan a une saveur toute particulière. Le changement de rythme est indéniable. Alger est-elle autant endormie qu’elle en a l’air ?
Sur les hauteurs, les rues du quartier résidentiel de Télemly sont encore plus calmes que d’habitude. Les escaliers, très nombreux dans ce secteur en pente, sont peu fréquentés. Les quelques personnes qui s’y aventurent, les montent et les descendent à très faible allure. Il y a certes quelques embouteillages avant le rond point de la société générale sur le boulevard Krim Belkacem, mais les trottoirs restent déserts et les rideaux des fast-food baissés. L’unique piéton du rond point, un policier, m’indique la direction du musée du Bardo. A 200 mètres, je découvre l’entrée de cette somptueuse villa des hauteurs d’Alger. Un palais mauresque pour moi toute seule ! Ou presque… Un homme est assis à l’ombre de l’arbre de la cour de marbre, il lit son journal. Je décide, moi aussi de profiter du calme de l’endroit, pour m’arrêter un instant dans le jardin. Ma première pensée va à mon estomac vide. Je la chasse. Jeûner, faire le vide dans son corps, c’est vraiment prendre le temps pour d’autres choses.
Plus tard dans la journée, je rejoins deux amis pour partir à la découverte de la Casbah. Il est 17h30, seuls quelques enfants courent dans les ruelles étroites des hauteurs de ce quartier millénaire. Peu avant 18h, les premières odeurs de repas nous parviennent. Aux abords des maisons, depuis les petites fenêtres des cuisines, on peut entendre le cliquetis des ustensiles de cuisine et le bruits des pas des femmes s’affairant pour le ftour. Quelques magasins sont encore ouverts. Un vieil homme travaille dans son atelier-boutique d’objets en cuivres. Un peu plus bas, un pâtissier dispose dans sa vitrine de larges plateaux garnis de kalbelouz et de baklawas tout juste sortis du four. La rue principale qui traverse de haut en bas la Casbah, contraste avec le calme des hauteurs. Le petit marché devant la mosquée des Juifs bouillonne, des hommes procèdent aux derniers achats pour le ftour. Il est 19 H lorsque nous arrivons en bas de la Casbah, toutes les boutiques sont fermées sous les arcades de la rue des mariés.
« Tout ferme à 17 H pendant le mois de Ramadhan, le reste de l’année c’est 18 H » nous explique notre guide. Notre périple prend fin autour des vendeurs de boureks. Ils sont deux à avoir élu domicile sous les arcades. Autour des grandes tables en bois sur lesquelles sont disposés tous les ingrédients proposés à la garniture, des hommes attendent en rangs serrés, regardant, fascinés, les feuilles de brick bien rebondies en train de dorer dans la poêle profonde.
Sous le soleil, Alger ne dort pas profondément. Alger ralentit et se prépare pour de longues soirées ramadanesques.
Camille J.