Un aveu d’échec. Alors que le président de la République et les principaux dirigeants du pays partent se soigner à l’étranger, les Algériens se débattent, chaque jour, dans d’innombrables difficultés pour accéder aux structures publiques de santé.
Ni les grèves cycliques des personnels des structures de santé, ni les rassemblements des citoyens n’ont pu faire avancer la cause du malade algérien. Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abdelaziz Ziari, lui, vient de faire une première autocritique. «C’est à cause de la mauvaise qualité du service des urgences que les citoyens ne font plus confiance aux établissements de santé publique», a effectivement estimé le ministre qui s’adressait dimanche aux gestionnaires nationaux, le ministre a indiqué que les problèmes du secteur de la santé sont liés à «la mauvaise gouvernance et à la mauvaise gestion et non pas au manque de personnel ou d’argent».
C’est tout de même une première. Puisque malgré les 50 milliards de dollars engloutis en 10 ans de « réforme », l’échec est patent : rares sont les structures de santé qui répondent aux normes et des milliers de malades périssent parfois dans l’indifférence.
Les autorités ont souvent ignoré cette amère réalité. Pis encore, elles ont toujours plaidé le contraire. Et même lorsque des professionnels émérites, à l’image du Professeur Bouzid, tirent la sonnette d’alarme, les responsables répondent par le déni. C’était le cas lorsque le chef du service oncologie du CPMC avait lancé un SOS sur les ondes de la radio en 2012. La réponse du ministre de l’époque : une visite au CPMC pour dire le contraire.
Il a donc fallu que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dise la vérité lors d’une réunion du comité national de lutte contre le cancer pour que Ziari lui-même reconnaisse l’évidence. Est-ce la fin du calvaire pour les malades ou est-ce juste une manière de se dédouaner ? Le plus important est que les déclarations d’intentions n’ont jamais rien réglé. Pis, les responsables et leurs enfants continueront d’aller se soigner ailleurs. Les Algériens, eux, continuent de se plaindre.
Essaïd Wakli