Le viol collectif : ce crime ignoble qui fait rage en Algérie

Redaction

Naguère un phénomène mineur et isolé, les viols collectifs sont devenus aujourd’hui de plus en plus nombreux en Algérie. Preuve en est, le nombre important de cas recensés ces derniers mois et ces dernières années. Des viols rapportés par la paresse nationale algérienne, mais qui ne suscitent, étrangement, aucun débat de société. Et pourtant, la sonnette d’alarme doit être tirée car le fléau fait peser de sérieux dangers sur la sécurité des algériennes.

Ainsi, cette semaine, nous avons appris qu’une jeune fille âgée de 24 ans a été violée par quatre individus dans la loge d’un jardin public du centre-ville d’Oran. Contrainte à s’y rendre par un ami à elle, la victime s’est retrouvée à jouer le rôle de l’objet sexuel pour satisfaire les bas instincts de son ami et ses trois acolytes. A Oran, les viols collectifs ne sont plus des cas isolés. L’année dernière, la même ville, quatre autres criminels avaient fait subir le même supplice à deux ressortissantes maliennes. A l’époque, ce drame avait défrayé la chronique à travers toute l’Algérie.  

Au centre du pays, ce fléau s’est enraciné également. A Bab Hassen, dans la banlieue ouest d’Alger, le 10 septembre dernier, un jeune maçon et ses cinq complices, tous originaires de la wilaya de Tébessa, se sont introduits dans l’appartement d’une femme âgée de 38 ans, situé au 1er étage d’un immeuble par une fenêtre laissée entrouverte. Ils ont tenté, d’abord, d’abuser sexuellement de leur victime. Mais celle-ci a résisté à ses agresseurs «de toutes ses forces», précise la gendarmerie nationale qui a enquêté sur ce crime atroce.  «Après avoir appelé au secours ses voisins pour lui venir en aide, la victime a été retrouvée nue sur son lit, ayant succombé au supplice d’une longue strangulation », a indiqué le chef de la brigade de la GN de Baba Hassen dans un communiqué rendu public. Le principal meurtrier a été retrouvé lorsqu’il s’était enfui vers sa ville natale en emportant avec lui « un maigre butin de 1400 DA et un téléphone portable» !

En octobre 2013, une tentative de viol collectif a été déjouée à Fouka, dans la wilaya de Tipaza. Trois individus se sont introduits à l’intérieur même d’un domicile pour commettre leur forfait sur les femmes qui s’y trouvaient. Une fois à l’intérieur, ils ont été surpris par la présence du père de famille qui s’est courageusement défendu et a permis à ses filles de fuir chez des voisins et donner l’alerte. Malgré les blessures du courageux père, le pire a été évité.

Quelque semaine auparavant, dans la commune de Benazouz (wilaya d’Annaba, à l’est du pays), une fille de 16 ans a été  victime aussi d’un viol collectif que lui ont fait subir six individus, dont un ami à elle qui a contribué à son enlèvement.

Au mois de mars de la même année, dix criminels ont séquestré et violé une jeune fille de 18 ans à Khenchela (environ 500 km à l’est d’Alger). En octobre 2012, cinq individus ont violé collectivement une jeune fille dans la localité de Ain Oulmène, dans la wilaya de Sétif, après avoir été détournée par un chauffeur de taxi clandestin qui devait l’emmener chez son médecin.

La liste des viols collectifs qui ont bouleversé les Algériens est encore longue. Mais si ces viols collectifs, et tant d’autres, ont été rapportés par la presse et les violeurs présumés ont été souvent arrêtés et traduits en justice pour leurs ignobles crimes, des milliers d’autres cas sont enregistrés sans qu’ils soient rendus publics. Dans une société minée par les tabous, les victimes subissent silencieusement les séquelles morales, sociales et psychologiques du supplice subi. Pis encore, certaines victimes reconnaissent qu’elles ont culpabilisé et pour dépasser leur traumatisme, elles se sont jetées dans la prostitution. Elles croient y trouver refuge, à défaut d’une prise en charge et d’une assistance adéquate.

Yacine Omar