Les jeunes du pré-emploi rejettent en bloc la circulaire du Premier ministre Abdelmalek Sellal, annonçant le gel des recrutements dans la Fonction publique. Ils menacent de faire grève début janvier.
Le début de la nouvelle année, sur fond de crise budgétaire, s’annonce tendu et mouvementé. Le Comité national des jeunes en pré-emploi menace ainsi de descendre dans la rue « début janvier » pour dénoncer les mesures d’austérité, décidées par le gouvernement d’Abdelmalek Sellal, réagissant à la baisse du prix du pétrole. En six mois, le coût du Brent a dégringolé, atteignant, ce mardi, son plus bas niveau depuis 5 ans. Avec un baril de pétrole à 53 dollars, l’Etat algérien a été contraint d’infléchir sa politique budgétivore. Au début de la semaine,à la surprise générale, une circulaire d’Abdelmalek Sellal, instruisant à ses ministres le nouveau cap à tenir pour faire face à la réduction des recettes, a fuité dans les médias. Une liste de 10 mesures qui a eu pour effet de provoquer la colère des jeunes chômeurs et de toute personne en situation de précarité, notamment les Algériens ayant recours au Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP).
« On va manifester début janvier pour faire barrage à la circulaire de Sellal et aussi à l’avant-projet du Code du travail, dont le but est de réduire les libertés syndicales en Algérie », explique Abdenour Oudjedi, responsable du Comité national des jeunes en pré-emploi, joint ce mardi par téléphone. Et de préciser : « La protestation a été approuvée. Il y aura plusieurs manifestations simultanées en wilaya et à Alger si l’effectif est assez important début janvier ».
Les bénéficiaires de la DAIP, soit quelques 1,6 millions de jeunes algériens depuis 2008 et le lancement de cette formule, ont le sentiment d’avoir été floués par le gouvernement. « Au moment où on demande notre intégration sans condition et de pouvoir cotiser pour notre retraite, le pouvoir nous coupe l’herbe sous le pied en gelant les recrutements dans la Fonction publique », tacle Abdenour Oudjedi. Le 28 décembre, on apprenait que plus de 41.000 postes seraient concernés par le gel des recrutements dans la Fonction publique, dont 15.000 dans le secteur de l’Education nationale.
Un front des jeunes algériens en colère
Son mouvement syndical, affilié au Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP), a bien conscience que pour peser dans le débat public national il va lui falloir rassembler largement. C’est pourquoi, en parallèle des actions coup de poing à travers tout le territoire, le Comité national des jeunes en pré-emploi mène des tractations avec les autres organisations estudiantines et de diplômés en situation de précarité pour créer une « dynamique ». Objectif : créer un front des jeunes algériens en colère et démunis. « On veut rassembler toute la jeunesse algérienne pour revendiquer un minimum républicain et sa dignité », affirme Abdenour Oudjedi.
Déjà, le 20 décembre dernier, le Comité national des jeunes en pré-emploi a rencontré le Syndicat national autonomes des étudiants algériens (SNAE) et le Comité national des diplômés chômeurs pour discuter de l’échec du système LMD et de l’exploitation des jeunes du pré-emploi. « On s’est engagé à se réunir régulièrement, prochaine rencontre d’ici fin janvier », annonce Abdenour Oudjedi.
Qu’est-ce que le DAIP ?
Pour rappel, les personnes en pré-emploi sont celles qui bénéficient du Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP). Ce dernier entre dans le cadre des programmes publics de l’emploi. Il est destiné aux « jeunes primo-demandeurs d’emploi totalement pris en charge financièrement par l’Etat », peut-on lire sur le site de l’ANEM, qui pilote ce dispositif. La durée de ce dispositif varie : elle est d’un an renouvelable dans le secteur économique et de 3 ans renouvelable dans le secteur administratif.
Le DAIP prévoit trois formules distinctes :
– Contrat d’insertion des diplômés (CID) : 15 000 Da pour les diplômés de l’enseignement supérieur. 10 000 DA pour les techniciens supérieurs.
– Contrat d’insertion professionnelle (CIP) : 8000 Da pour les sortants de la formation professionnelle et du secondaire.
– Contrat Formation/insertion (CFI) : 12 000 DA pour les jeunes insérés dans les chantiers divers. 6000 DA pour les jeunes insérés auprès des entreprises de production. 4000 DA pour les jeunes placés auprès des maîtres artisans.
Quels employeurs peuvent embaucher des jeunes par le biais du DAIP ?
– Les entreprises publiques et privées
– Les institutions et administrations publiques
– Les chantiers d’utilité publique initiés par les différents secteurs d’activités, les entreprises économiques devant réaliser des projets d’utilité publique, les entreprises de production et les maîtres artisans pour suivre une formation.