La contestation contre le 4eme mandat d’Abdelaziz Bouteflika s’organise et compte bien poursuivre ses actions pour empêcher le chef de l’Etat d’entamer un nouveau quinquennat. Les militants et organisateurs de la manifestation contre la candidature du Président qui s’est déroulée samedi à Alger, ont pris la décision de créer le mouvement Barakat !
La manifestation réprimée hier à Alger face à la faculté centrale a donné de nouveaux arguments aux militants anti-4eme mandat, pour continuer leur protestation. La plupart des activistes arrêtés par la police lors du rassemblement ont décidé de mettre un nom sur leur groupe afin de rallier les citoyens algériens à leur cause. Le soir-même de leur libération les manifestants ont décidé après une réunion et un long débat de fonder un mouvement. « Nous avons échanger pendant près de trois heures, et nous avons décidé de fonder le Mouvement Barakat ! car il y a une forte attente populaire », explique Mustapha Benfodil porte-parole du groupe militant. L’idée de se réunir sous un même nom avait déjà été évoqué lors de la réunion du 27 février, durant laquelle les contestataires ont organisé la manifestation du 1er mars.
De l’engouement virtuel…
Les principaux membres du mouvement ont publié leurs premiers communiqués sur les réseaux sociaux hier soir afin de mettre en avant « un label Mouvement barakat! » et tenter de réunir des soutiens. »Après la réussite de l’action de protestation organisée ce samedi 1er mars 2014 au cœur de la Capitale , et qui appelait à mettre fin à la mascarade du quatrième mandat, et ce, malgré les arrestations arbitraires et humiliantes de citoyens dont le seul tort est d’avoir voulu exprimer leur opinion librement. Et à la suite d’un profond débat entre les organisateurs de cette manifestation, Nous annonçons solennellement la naissance du Mouvement « BARAKAT! » » précise ce nouveau mouvement. L’annonce de la naissance du mouvement Barakat a d’ailleurs été fortement relayée sur les réseaux sociaux dès ce matin, aussi bien sur Facebook que sur twitter.
1 mars 2014 naissance du mouvement « #Barakat! » à ~#Alger contre le 4e mandat de #Bouteflika.
— Charlotte Guibbaud (@Cha_GN) March 2, 2014
MOUVEMENT » #BARAKAT! » http://t.co/K4lpQJrhLl
— TheAlgerianWakeUp (@AlgerianWakeUp) March 1, 2014
Un groupe Facebook a même été créé et a recueilli en quelques heures, l’adhésion d’une cinquantaine de personnes. Pour l’heure le Mouvement Barakat ! est composé d’environ « une quarantaine de personnes, mais dispose d’un réseau bien plus large dans le pays », nous apprend Mustapha Benfodil qui affirme recevoir des appels de soutiens d’un peu partout.
… à la concrétisation
La première action du mouvement Barakat ! a été de dénoncer la répression policière qu’ils ont subi lors du rassemblement du 1er mars. « Les citoyennes et les citoyens appréhendés ont fait l’objet d’une interpellation souvent brutale. Beaucoup parmi eux ont été retenus dans les commissariats pendant plusieurs heures, sans motif légal. Certains camarades ont vu leurs téléphones portables et leurs papiers d’identité confisqués », dénonce le mouvement dans un communiqué publié ce matin. Et d’ajouter que » le Mouvement « BARAKAT! » se réserve le droit d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces dépassements qui sont l’expression d’une dangereuse dérive autoritaire. »
Désormais le mouvement Barakat ! veut varier ses moyens de sensibilisation et souhaite à l’avenir opter pour le dialogue et le débat. « Il faut créer le débat. Nous sommes enfermés dans une bipolarité entre présidence et armée, et le peuple n’a jamais son mot à dire. La grosse faillite de l’Algérie est de ne pas être capable de se mettre autour d’une table pour discuter. Le problème n’est pas seulement Abdelaziz Bouteflika, mais tout le système. Il faut réfléchir ensemble à un projet. Un projet, pourquoi pas celui d’une 2e République ».
Mustapha Benfodil indique que les partisans du mouvement souhaiteraient dans l’idéal l’organisation d’une « conférence nationale entre le pouvoir et toutes les forces de l’opposition. Je parle bien de négociations avec le pouvoir, car ce dernier ne dialogue pas et nous voit comme l’ennemi. »
Le collectif prévoit d’autres actions à l’avenir, mais « plutôt des actions où règne le dialogue ou des projets artistiques ». Le prochain rendez-vous pour le mouvement barakat ! sera le 4 mars, date limite des dépôts des dossiers de candidature à la présidentielle auprès du Conseil Constitutionnel.