L'état civil de l'Algérie française (en partie) sur Internet

Redaction

C’est au tour des Archives nationales d’Outre-Mer (ANOM) de mettre en ligne des registres d’état civil (à découvrir ici). Les généalogistes dont les racines traversent la Méditerranée, dans l’Algérie française du XIXe siècle plus précisément, vont enfin pouvoir compléter leur arbre familial depuis leur ordinateur. Pour les guider, Frédéric Thébault propose, comme à son habitude, une visite détaillée de l’interface de recherche, sur le blog de GeneaNet (à lire ici).

L’opération est une réussite, car elle associe la table alphabétique, déjà en ligne depuis plusieurs années, aux images : une simple recherche par le patronyme est donc possible. L’opération semble également un succès au regard des chiffres (et des traditionnels bugs pour cause d’encombrement) : les Archives nationales ont constaté un record de consultation de 3.700 visites en une journée.

Mais gare à la douche froide : l’enthousiame de l’internaute risque d’être bridé par les limites du fonds numérisé, indexé et mis en ligne.

Les ANOM ont travaillé à partir des microfilms des registres conservés en double exemplaire dans les communes et greffes d’Algérie. Opérations réalisées en 1962 et 1967.

Mais cela ne représente que 70 % des actes établis entre 1830 et 1962, soit près de 3,5 millions d’actes microfilmés sur les 5 millions rédigés. « Dans la pratique, ont surtout été photographiés les registres des communes du nord de l’Algérie ; et ce, dans des délais très courts. C’est ce qui explique le nombre de lacunes », explique la spécialiste de la région, Chantal Cosnay, dans un numéro spécial de La Revue française de Généalogie. Le ministère des Affaires étrangères conserve dans ses cartons le projet de microfilmer ou numériser les actes manquants (dont il détient une liste).

De plus, la collection exposée sur la Toile s’arrête à 1904. La base alphabétique, établie en 2003, ne dépasse pas cette date non plus. Et ces registres ne concernent pas tous les habitants. Ceux qu’on appelait alors les Musulmans ont bénéficié tardivement d’un état civil, à l’exception de quelques notables inscrits avec les Européens. A partir de 1882, ils ont été enregistrés dans des registres matrices, aujourd’hui conservés en Algérie. « Parfois, lors du microfilmage de l’état civil européen, des actes à consonance musulmane ont été recouverts d’un cache. Cependant, les références de ces actes (nom et date) sont toujours inscrites dans les tables correspondantes », souligne la généalogiste professionnelle.

Enfin, l’une des principales difficultés réside dans le choix de l’orthographe des noms, comme le souligne Chantal Cosnay dans ce même ouvrage : »Faut-il inscrire « Aymeric », « Emeric » ou « Hemerique » ? [..] Selon que l’officier de l’état civil était originaire d’Alsace ou du Rouergue, ou bien que le déclarant était espagnol ou allemand, le même nom de famille n’était pas toujours orthographié de la même manière. » Pour contourner l’obstacle, elle conseille d’écouter la prononciation du nom et de tester les différentes variantes possibles. Et c’est ainsi que des milliers d’internautes se retrouvent, face à leur ordinateur, à articuler à haute-voix une ribambelle de patronymes…

http://geneinfos.typepad.fr/
05 02 2009

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