Liberté de la presse : L’Algérie peut mieux faire

Redaction

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Aujourd’hui et ce depuis douze ans, aucun journaliste n’a été assassiné dans le cadre de sa profession en Algérie. Une victoire pour un pays qui a traversé une « décennie noire » terrible pour l’exercice du journalisme. Malgré des progrès enregistrés, la liberté de la presse reste encore en 2013 un droit précaire en Algérie.

Sidali Ben Mechiche est le premier acteur de l’information à avoir été tué sur le terrain, alors qu’il couvrait la manifestation islamiste du 10 octobre 1988, Place des Martyrs à Alger. Après sa mort et jusqu’en 2001, plus de cent journalistes et professionnels de l’information ont été assassinés en Algérie. Mais depuis 2001, aucun journaliste n’a trouvé la mort à cause de sa profession dans le pays. Est-ce à dire que les reporters et enquêteurs sont en odeur de sainteté en Algérie ? Pas si sûr, au regard du classement annuel de Reporters sans Frontières (RSF) des pays les plus respectueux de la presse. Paru vendredi 3 mai à l’occasion de la 20 ème Journée mondiale de la liberté de la presse, l’index de RSF place l’Algérie en 125 ème position sur 179 pays passés au crible  par l’ONG. Elle perd ainsi 3 rangs par rapport à l’an dernier.

Un cadre juridique « trop restrictif »

Si les journalistes algériens ne risquent plus leur vie, comme durant la décennie 1990, leur marge de manœuvre demeure limitée. En cause : un cadre juridique « trop restrictif », estime Frank La Rue, Rapporteur des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression dans un rapport publié en juin 2012. « Malgré les déclarations des autorités lors de l’élaboration de la loi n°12-05 relative à l’information, la liberté d’expression et le droit à l’information n’est pas suffisamment garanti », peut-on encore lire dans ce rapport. Ainsi, le Rapporteur spécial se dit « préoccupé » par l’article 97 de la loi n°90-07 qui dispose que quiconque offense délibérément le chef d’Etat en exercice est puni d’un mois à un an d’emprisonnement est d’une amende de 3 000 à 30 000 dinars.

A quand l’ouverture de l’audiovisuel ?

Il fait aussi état d’un certains nombres de cas d’intimidation et d’autocensure. Comme celui du 5 mars 2011, quand un groupe de journalistes, travaillant pour Le Soir d’Algérie, Liberté, Le Quotidien d’Oran, El Watan, L’Expression, La Tribune et La Voix de l’Oranie, ont été arrêtés par les forces de sécurité, après la tenue d’un rassemblement à Oran, organisé par l’antenne régionale de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie dans cette ville, bien qu’ils aient montré leur carte de presse, ce que dément, de son côté, le Gouvernement. Conduits au commissariat de police, les journalistes ont été relâchés quelques heures plus tard.

Sur les ondes hertziennes, la parole est aussi brimée et surveillée de près par le Pouvoir. En effet, pour l’instant, l’Etat préserve son monopole sur le paysage audiovisuel algérien, dans la mesure où le projet de loi sur l’ouverture de l’audiovisuel tarde à être voté. Même si les trois chaînes semi-clandestines, Echourouk TV, En-Nahar et El Djazairia, ont obtenu, début avril, une autorisation « provisoire » d’ouvrir des bureaux à Alger, le chemin vers l’ouverture de l’audiovisuel algérien et vers davantage de liberté d’expression reste encore long en Algérie.