Depuis le début de cette année, les violences envers les femmes ont tué au moins 22 algériennes. Plus de 7300 femmes ont été brutalisées par leurs conjoints, frères, voisins ou par des inconnus dans les rues de notre pays. Et ce chiffre ne reflète guère la véritable ampleur du phénomène, reconnaît ce mercredi la ministre de la Solidarité, de la famille et de la condition de la femme, Mounia Meslem Si Amer selon laquelle très peu d’Algériennes osent dénoncer leurs bourreaux auprès des instances judiciaires et policières.
En ce jour où le monde entier commémore et se mobilise en faveur de l’élimination de la violence à l’égard des femmes, les Algériennes pleurent leur sort et demeurent abandonnées face à ces violences abjectes. Et pour cause ! La loi criminalisant les violences faites aux femmes demeure toujours bloquée au niveau du Sénat à cause du lobbying exercé par les « islamo-conservateurs » qui veulent empêcher l’adoption de cette loi jugée, par les tenants de ce courant rétrograde, « contraire aux valeurs religieuses de la société algérienne ».
Et pourtant, cette loi apporte plusieurs nouveautés qui peuvent, enfin, soulager les souffrances endurées par les Algériennes à l’exemple de l’article (333 bis 1) qui “incrimine les agissements que subissent les femmes dans les lieux publics, le plus souvent sous forme de violences verbales ou d’actes portant atteinte à la pudeur”. Cet article a été conçu pour modifier le Code pénal concernant les violences faites aux femmes et imposer des sanctions plus sévères à l’encontre des agresseurs. Mais, les membres du Conseil de la Nation ne semblent pas soucieux de l’intégrité physique et psychiques de nos femmes, mères ou soeurs. Le blocage de cette loi moderniste et progressiste profite à ces criminels qui brutalisent chaque jour des Algériennes.
Même l’ONG Amnesty International a dressé ce constat amer et dénonce dans un communiqué parvenu ce mercredi à notre rédaction l’immobilisme actuel des autorités algériennes. « Alors que Razika Cherif a été tuée, le 7 novembre à M’sila, pour avoir dit non à un homme qui la harcelait en pleine rue, ce projet de loi, adopté le 5 mars 2015 par l’Assemblée Populaire Nationale, n’a toujours pas été adopté par le Conseil de la Nation. Les violences à l’encontre des femmes doivent être sanctionnées comme des violations des droits humains pour que d’autres Razika ne viennent pas s’ajouter à la longue liste des victimes », souligne Amnesty International. Mais nos sénateurs vont-ils entendre ces multiples cris de coeur… et de colère ?