Selon Malek Chebel, rien dans le Coran n’oblige les femmes musulmanes à porter le voile

Redaction

Invité sur France Info, l’anthropologue et philosophe algérien Malek Chebel a une nouvelle fois défendu sa conception d’un « Islam des Lumières ».

« Depuis le début de l’islam, les musulmans ont cherché à le rendre perfectible en fonction du temps et du lieu où il s’exprimait. Le texte sacré inclut donc la possibilité de la transformation sociale de ses applications. De ce point de vue là, les musulmans sont en retard sur un certain nombre d’interprétations du texte sacré », a expliqué Chebel au micro de la chaine française France Info.

Pour Malek Chebel , rien n’oblige les… par FranceInfo

L’auteur du concept d’ « Islam des Lumières » milite pour un islam « moderne ». « Le Coran est pour la réflexion, l’innovation, la confrontation des idées », affirme-t-il. Chebel plaide donc pour un travail d’exégèse et d’adaptation du corpus musulman aux réalités du 21e siècle, travail qui ne peut se faire, selon lui, que grâce à la conjugaison de la foi et de la raison.

Dans cette logique, Malek Chebel s’intéresse particulièrement à la place de la femme dans la religion. « Au 7e siècle, quand l’islam est né, le rapport de force entre les hommes et les femmes n’était pas le même qu’aujourd’hui. On ne peut pas fonctionner aujourd’hui comme au 7e siècle », explique-t-il. Malek Chebel rejette notamment l’obligation du port du voile pour les femmes musulmanes. Selon lui, rien dans le Coran n’oblige les femmes musulmanes à porter le voile. « C’est une obligation si on lit les textes coraniques de manière littéraliste. Mais dans le Coran, seuls deux versets évoquent cette question du voile, c’est mineur », explique-t-il. Il ajoute que les versets en question font l’objet de deux interprétations contradictoires, et qu’il n’est donc pas possible de trancher avec certitude.

Le spécialiste des religions lance, en plus, un appel aux musulmans du monde : n’ayez pas peur des femmes. « Le monde musulman est en train de reprendre ses esprits, de repartir à la conquête de lui-même, de ses valeurs de beauté et de lumière. Et dans cette reconquête, les femmes jouent un rôle très important », précise l’anthropologue.

Inévitablement, le discours de Chebel ne plaît pas à tout le monde. Considéré comme un mécréant par les fondamentalistes, il se dit cependant « très apprécié » d’un grand nombre de musulmans « normaux », « qui ne font pas de politique ni d’idéologie et tiennent à la modernité ».