Décidément, la religion est au coeur de plusieurs polémiques en Algérie. Après le vif débat provoqué par le film « l’Oranais » et le plaidoyer d’une présidente d’un parti islamisme en faveur de la polygamie, c’est le port du Hijab par les femmes douanières qui crée la polémique.
Tout a commencé le 6 novembre dernier lorsqu’une note signée par Mohamed Abdou Bouderbala, directeur général des douanes algériennes, a été rendue publique. Une note dans laquelle le premier responsable des douanes rappelle que le foulard ne fait nullement partie de la tenue réglementaire que doivent porter les douanières algériennes. « La tenue portée doit être complète et conforme à la réglementation en vigueur sans aucun ajout ou soustraction de tout élément ou insigne modifiant la nature de la tenue réglementaire », explique encore cette instruction dont nous publions ici une copie. Cette instruction précise clairement que le foulard (Khimar) ne constitue pas un « article de la tenue réglementaire homologuée. A cet effet, son port est interdit ».
Ces mots ont suffi pour déclencher une violente polémique notamment sur les réseaux sociaux. Quant aux partis conservateurs, ils ont investi les médias et les plateaux de télés pour dénoncer une « atteinte à l’un des préceptes de l’Islam, la religion de tous les Algériens ». Naima Salhi, la présidente du parti islamiste de l’équité et de la proclamation (PEP), parle, quant à elle, de « dangereuse provocation » qui met en danger la stabilité de la société. Naima Salhi, lors d’une intervention sur la chaîne de télévision El-Bilad TV, est allée jusqu’à considérer cette instruction comme « un extrémisme laïque » qui risque de mener le pays « vers le terrorisme » en alimentant « l’extrémisme religieux ».
Pour sa part, le ministre des affaires religieuses, Mohamed Aîssa, a indiqué lundi que l’instruction du Directeur Général des douanes interdisant le port du voile était « illégale ». Dimanche à Alger, lors d’une conférence de presse, il a estimé qu’il est « légal et moral de la part des douanières de porter leur khimmar (voile) dans l’Algérie de la liberté ». Pour l’heure, la direction générale des Douanes n’a pas encore réagi à ces critiques. Sur les réseaux sociaux, la polémique fait rage et les partisans comme les opposants à l’interdiction du port du hijab se déchirent dans des sempiternels débats passionnés.