Pourquoi l’Algérien n’est pas heureux dans son pays ?

Redaction

L’Algérien entretient une relation complexe avec le bonheur. Aigri dès la naissance, il met continuellement en exergue sa mauvaise humeur et son désespoir. « L’Algérien n’est pas heureux dans son pays. Il a le sentiment qu’il n’est pas éligible au bonheur », analyse à ce propos le Dr Mahmoud Boudarène, psychiatre, docteur en sciences biomédicales, membre de la Société algérienne de psychiatrie (Snapsy).

Dans un entretien accordé au quotidien francophone El Watan, ce psychiatre a expliqué que si la société algérienne « est aujourd’hui à bout de nerfs » et si « les Algériens ont très facile le passage à l’acte violent », c’est parce qu’ils ne se sentent pas heureux dans leur propre pays. L’Algérie a l’impression qu’être heureux est « un statut réservé à une caste, à des privilégiés, aux enfants du système », relève encore le Dr Mahmoud Boudarène d’après lequel les Algériens ressentent dans leur quotidien qu’il n’ont aucune emprise sur leur destin parce qu’il ne vivent « pas dans un pays de liberté ».

Sur un autre chapitre, le même expert a mis en garde contre la violence qui ronge profondément la société algérienne. Une violence qui  « fait écho à la violence insidieuse infligée au citoyen algérien par la vie qu’il mène. Une violence imperceptible parce qu’elle se confond avec son quotidien ; une violence qui a pris possession de son être et lui est devenue familière ; une violence presque naturelle, en somme normale », explique le Dr Mahmoud Boudarène.

Quant à la religion comme valeur refuge, ce n’est guère un mécanisme qui permettra à la société algérienne de vaincre ses angoisses et crises de dysfonctionnement, estime cet interlocuteur. « Le sentiment religieux ne doit pas obscurcir les consciences ou encore brider la raison et les capacités de discernement des individus. Faire appel au sentiment religieux ne doit pas constituer un alibi qui nous fait détourner le regard — parce que c’est confortable ou que cela nous exonère de nos fautes — des situations qui nous interpellent dans nos erreurs et nos errements », précise-t-il en dernier lieu.

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