Malgré la richesse de son vocabulaire, la langue arabe n’est plus la langue du sexe ! C’est ce que dénonce la célèbre écrivaine libanaise, Joumana Haddad, dans une tribune publiée dans le dernier numéro du magazine « Rukh ».
Dans cette revue fondée il y a près d’une année en France, dans le sillage des révolutions arabes, l’écrivaine libanaise a fait remarquer dès qu’il s’agit de sexe, les arabes optent automatiquement pour une autre langue. Et pourtant, la richesse de la langue arabe n’est plus à présenter. A titre d’exemple, Joumana Haddad citera donc «pénis» ou «vulve», dont les synonymes sont infinis dans la langue arabe.
«Nous sommes arrivés à un point d’aliénation entre ce que nous expérimentons et ce que nous exprimons», dira t-elle dans sa tribune. «Notre pudeur linguistique a atteint un tel niveau que vous pourriez penser que la plupart des Arabes, sinon la totalité, sont éthérés et surnaturels. Ils passent pour des entités nées sans corps…», ajoute-t-elle. Très virulente envers ce qu’elle considère comme étant le «machisme» de la société arabe, Joumana Haddad, âgée de 42 ans , s’intéresse aux questions liées à la sexualité dans le monde arabe depuis de nombreuses années.
Elle est très critiquée et vilipendée par ses détracteurs notamment par les milieux religieux. Fondatrice du magazine Jasad (Corps), en 2009, la seule publication consacrée à la sexualité dans le monde arabe, Joumana Haddad a écrit également plusieurs ouvrages à l’instar de « J’ai tué Shéhérazade ». « Confession d’une femme arabe en colère ». Son dernier essai s’intitule : « Superman est arabe (2013) »
Elyas Nour