Protégeons le Jardin d’essai contre l’incivisme

Redaction

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Avec près de 700 000 visiteurs par an, le Jardin d’Essai d’El Hamma constitue un lieu historique incontournable de la capitale. Pourtant, malgré l’attrait inépuisable qu’il présente, ce petit bout de paradis se dégrade aujourd’hui à vue d’oeil.

Il est bien loin le temps des magnolias, des Chorisia et des fleurs rares. A présent, toutes les plantes tendent à se laisser mourir. Seuls les grands arbres, qui ne dépendent pas de soins humains, arrivent plus ou moins à s’en tirer. Le Jardin d’Essai, créé en 1832, a traversé le temps et les générations pour finir essoufflé par les siens. Ces visiteurs qui prétendent l’adorer et qui pourtant n’hésitent pas à y laisser leurs ordures, à graver sur les arbres ou encore les statues. Où sont les agents d’autrefois chargés de veiller à l’ordre et au respect de la nature? Où sont les agents d’hygiène sensés faire de leur mieux pour nettoyer les traces indésirables? Tout semble abandonné. Pourtant, après avoir été rénové en 2012 le jardin brillait de mille feux. Ses trente-trois hectares jouissaient plus que jamais des diverses espèces de faune et d’arbustes importés des quatre coins de la planète et il disposait de plus de quatre vingt espèces animales. Désormais le parc zoologique n’abrite plus de flamants roses ni de pélicans, seuls quelques canards subsistent et les poissons ne se bousculent plus dans l’étang. Les lions, les ours et les guépards ne sont qu’un lointain souvenir. Restent quelques singes pour amuser les enfants qui leur donnent à manger librement. Nul ne surveille les chewing-gums et autres bonbons que les visiteurs lancent aux animaux, nul n’encadre les visites.

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 « J’ai trouvé des choses abominables en arrivant »

Mais alors, qui est le plus à blâmer? Les Algériens pour leur éternelle insouciance, ou la direction du jardin à qui l’on peut faire plusieurs reproches? A ce propos, Mr. Abdelhamid Rahou s’est exprimé. Directeur du parc depuis maintenant quatre mois, il assiste lui aussi à la détérioration d’un des dix plus beaux jardins du monde. « J’ai trouvé des choses abominables en arrivant, j’ai hérité d’un jardin malade. J’essaye de trouver le remède qu’il faut et le remède qu’il faut c’est la discipline, la rigueur, et l’engagement de chaque personne ». Découragé, il dénonce un recrutement anarchique, un budget insuffisant ainsi qu’un abandon de la recherche. En effet, les équipes chargées de travailler au sein du Jardin d’Essai ne cessent de diminuer. Aujourd’hui, les agents de sécurité ne sont plus qu’au nombre de trente-trois lorsqu’il en faudrait cent cinquante pour couvrir la totalité de la surface du parc. Selon Mr.Rahou cela relève d’un manque de motivation et il n’hésite pas également à remettre en question les sociétés de nettoyage de la wilaya. « Les sociétés comme Netcom ne jouent pas leur rôle convenablement, au lieu de cinquante agents de nettoyage, on m’en envoie onze ou douze. Comment voulez-vous qu’ils gèrent tout le jardin à eux seuls? Les moyens humains et matériels sont insuffisants. » De même, les ingénieurs recrutés, sans son approbation, sont souvent issus d’une formation inadéquate et restent terrés dans leurs bureaux. « Les ingénieurs devraient être sur le terrain, pas au bureau » regrette-t-il.

Le nouveau directeur déplore le fait qu’il n’existe aucun centre de recherche. « J’ai demandé à l’institut français de venir constater les problèmes de pathologie. J’ai moi-même dressé un état des lieux de la pathologie car plusieurs espèces d’arbres sont attaquées par des parasites ».

Alors, une fois encore il semble falloir chercher les coupables plus haut dans la hiérarchie, accuser les ministères en question ou l’Etat lui même de pas donner aux gens les moyens d’exercer leur travail. Toutefois, le principal coupable est connu de tous. Il réside dans chaque visiteur qui enfreint les règles d’hygiène les plus basiques, dans chaque promeneur qui laisse volontairement traîner ses ordures et dans chaque citoyen qui décide délibérément d’écrire sur les arbres et les statues. Son nom n’est autre que l’incivisme.

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