66% des travailleuses du secteur public et 40% des étudiantes affirment subir le harcèlement sexuel en continu sur leur lieu de travail ou d’étude. C’est ce que vient de révéler une enquête nationale réalisée par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH) en association avec la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM). À travers les réponses de 600 travailleuses et de 3.207 étudiantes (dont 2.886 Algériennes et 341 étrangères), l’étude nous renseigne sur les principaux auteurs du harcèlement sexuel en Algérie.
Selon l’enquête qui a été rendue public samedi dernier lors d’une rencontre nationale sur le phénomène des harcèlements sexuels sur les lieux de travail et dans les universités, organisée à la maison de la culture Taos-Amrouche de Bejaïa, les premiers auteurs du harcèlement sexuel en Algérie en milieu universitaire sont les enseignants. Sur 40% d’étudiantes ayant affirmé subir continuellement le harcèlement sexuel en milieu estudiantin, 33,4% avouent que le principal harceleur est l’enseignant, également incriminé par 26,8% des étudiantes étrangères. S’agissant de la prédominance du harcèlement sexuel en milieu universitaire, les étudiantes algériennes et étrangères portent le même regard : 60% des Algériennes et 37% des étrangères considèrent que les enseignants de l’université versent dans le harcèlement sexuel et le pratiquent. 40% des étudiantes harcelées ont affirmé subir ce comportement méprisant à l’université de la part des enseignants, qui jouent principalement sur la notation des examens.
Pour les femmes travailleuses, dont 60% ont affirmé vivre continuellement sous la pression du harcèlement sexuel, le directeur de l’établissement est considéré comme première source de harcèlement, incriminé dans 30% des cas. Le chef du bureau est responsable du harcèlement dans 20% des cas, tandis que les agents de sécurité sont mis en cause dans 14% des cas.
Pour ce qui est du lieu du harcèlement sexuel sur le lieu de travail, 30% des travailleuses interrogées ont déclaré que les agressions avaient lieu dans le bureau du directeur, tandis que 23% évoquent des lieux divers au sein de leur établissement. 50% des femmes interrogées ont raconté des histoires personnelles émouvantes qui témoignent de leur cauchemar. Plusieurs ont même avoué être contraintes de démissionner en raison des pressions subies.
L’enquête, réalisée au cours du premier trimestre 2014 et supervisée par les Pr. Mustapha Khiati et Abdelkader Sahraoui du FOREM et le Dr. Sabrina Kahar de la CNCPPDH, a été faite à l’aide d’un questionnaire anonyme comportant 15 questions et 20 sous-questions. Ces résultats ont permis de lever le voile sur un fléau qui gangrène la société algérienne et qui demeure tabou en raison du caractère conservateur de la société.
Nourhane S.