Rassemblement à Paris : « Je déplore cette absence de solidarité qui est le mal qui nous ronge »

Redaction

Très peu de monde a répondu présent à l’appel au rassemblement de la cinéaste Sofia Djama, pour s’opposer à « l’islamisme ordinaire ». Ce rassemblement du dimanche 8 mars, dans le cadre de la journée de la femme, n’a recueilli qu’une petite poignée de courageux (une vingtaine à peine) venus manifester leur non-acceptation des visions rétrogrades et crier leur besoin de justice, de considération et de respect pour les femmes algériennes.

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Contacté par Algérie focus, Sofia Djama a tenu à confier sa déception face au manque de mobilisation de la communauté algérienne, en insistant néanmoins sur la nécessité de telles manifestions et sur la force de son engagement :

« Nous étions très peu nombreux, je ne suis pas connue, je ne suis pas une militante, je suis que cinéaste, mais une femme engagée qui croit en des valeurs que je considère fondamentales:  l’égalité des sexes est en l’occurrence une de ces valeurs que je défends.

Je comptais sur le relai de certaines personnes connues et suivies sur les réseaux sociaux pour diffuser l’information. Je déplore donc cette absence de solidarité qui est le mal qui nous ronge, même si ces derniers partagent les mêmes revendications. C’est quelque chose que je ne parviens pas à expliquer: est-ce par désintérêt, ou alors une forme de renoncement, ou pire un problème d’égo dès lors où la mobilisation n’est pas formellement organisée par ces personnes là?

Quoiqu’il en soit, nous étions là, certaines personnes sont venues de Rouen ou d’ailleurs pour soutenir la cause. D’autres habituées à la mobilisations nous ont rejoint et je les en remercie chaleureusement. à mon sens cette mobilisation avait pour objectif d’être une caisse de résonance pour les luttes qui se font en Algérie. C’est une manière de réaffirmer à nos concitoyens qui sont en Algérie notre soutien.

Malheureusement la société algérienne est empêtrée dans la bigoterie qui est le chemin le plus court vers l’obscurantisme. Il n’y a qu’à voir les arguments tenus par certains députés à l’annonce du projet de loi contre le harcèlement.

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Mohamed Daoui de l’Alliance de l’Algérie Verte (AAV) a affirmé que les femmes étaient responsables des violences qu’elles subissent en raison de leur accoutrement et de leur « maquillage ». « On ne peut criminaliser un homme qui a été excité par une femme » Son propos est choquant et dégradant envers la femme. Le populisme et la bigoterie sont la gangrène de notre société. c’est ce qui la pollue, son infantilisation l’empêche de se construire, de s’organiser, de s’émanciper.  C’est ça l’islamisme ordinaire !

« L’islamisme ordinaire » à l’instar du racisme ou du populisme, est pernicieux, insidieux, il circule et trouve une place toute naturelle au sein de la société jusqu’à en devenir la norme et l’ordre morale unique auquel il faut se tenir il est même au dessus des lois constitutionnelles c’est ainsi que souvent des policiers en oublient leur prérogatives en osant des remarques désobligeantes à l’encontre des femmes qui ne portent pas le voile qui viennent porter plainte pour harcèlement ou agression.

Le processus est visible depuis plus d’une décennie, il a été soutenu  par le système éducatif entre autre. C’est pourquoi, Il ne suffit pas de voter des lois, il faut  sensibiliser, accompagner, informer, il faut des antennes d’information et d’accueil, donc toute une logistique à mettre en place et ce n’est qu’ainsi que la nouvelle génération normalisera l’égalité, la citoyenneté, car redevenir citoyen est en soit une émancipation.

En revanche, tant que l’on normalisera la présence d’un Hamadache, ou que l’on fera qu’un Mezrag ou Sahnouni soient des personnes politiquement fréquentables, et qu’un réactionnaire tel que Cheikh Chemsou sera autorisé à dicter notre comportement  »religieux, moral, social » , on maintiendra les archaïsmes dont souffre la société algérienne.

L’Abrogation du code de la famille et réhabiliter le statut de la femme égale à l’homme, sont des conditions non négociables pour retrouver une société saine et équilibrée. Pour que la femme algérienne recouvre sa liberté totale.

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Quand on parle des droits de la femme, on parle aussi de toutes les luttes qui concernent les libertés politiques et individuelles.

Ce que la femme peut accomplir, l’homme le peut aussi. »