Des centaines d’étudiants du campus universitaire de Bastos, à Tizi Ouzou, se sont rassemblés pour célébrer « l’amour, la paix et la tolérance », ce mardi 3 mars. Une action originale et réussie.
Ce mardi matin, un soleil printanier éclaire et réchauffe la capitale du Djurdjura. Un climat serein règne sur la ville des genêts. A l’intérieur de la faculté des sciences techniques de Bastos, dépendante de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, l’ambiance est plus mouvementée qu’à l’habitude. Et pour cause, le Collectif des étudiants progressistes a appelé à un rassemblement des plus originaux. Un rassemblement pour célébrer « l’amour, la paix et la tolérance».
Vers 10h, ce matin, des groupes d’étudiants ont commencé à affluer vers la placette située au centre de la faculté, où une exposition de toiles de peinture et d’objets artisanaux est organisée. Un DJ mobilisé par les organisateurs diffuse de la musique. Au bout de quelques minutes, il devient presque difficile de se frayer un chemin sur cette placette, alors noire de monde. Le jeune artiste Malek Kezoui, présent au rassemblement, dédie quelques airs poétiques «à l’amour et aux amoureux ».
Les organisateurs de ce rassemblement original prennent ensuite la parole. «Après le geste humain et naturel, de l’un de nos frères étudiants, envers sa petite amie, le 15 février passé, notre université et le couple en question ont été l’objet de dénigrement et d’insultes sur les réseaux sociaux, et même à travers une certaine presse. Cela est inacceptable ! Nous, nous allons répondre de manière civilisée à ces gens qui insultent notre université. Notre réponse, c’est une invitation à des débats publics », déclare l’un d’eux, sous une salve d’applaudissements venant de la foule.
Un autre membre du Collectif des étudiants progressistes s’est relayé au micro pour lire une déclaration écrite. «Dans un contexte où l’obscurantisme s’acharne de toute part sur l’université, cette dernière qui doit être un socle de diffusion des valeurs universelles, du progrès et du savoir, nous interpelle pour prendre conscience du danger latent qui guette l’environnement estudiantin », déclare-t-il. « La marche du progrès et de la civilisation partout dans le monde, nous impose une vision de l’université qui doit être un environnement vecteur d’idées laïques, républicaines et progressistes. Notre université est une institution académique où la liberté d’expression et le respect de la différence sont sacrés et protégés. Elle est aussi à l’avant-garde de certaines luttes et de certaines valeurs », dit-il.
Après la lecture de la déclaration, un jeune étudiant accompagné d’une étudiante sont désignés pour planter un olivier, sur cette placette. Un choix des plus symboliques pour les organisateurs. L’un d’eux a d’ailleurs lu un passage d’une réponse de Mouloud Mammeri à Jean Pélégri qui lui demandait quel arbre il préférait : «L’arbre de mon climat à moi c’est l’olivier ; il est fraternel et à notre exacte image. Il ne fuse pas d’un élan vers le ciel comme vos arbres gavés d’eau. Il est noueux, rugueux, il est rude ». L’arbre en question est planté sous les youyous et les applaudissements des jeunes.
Une action symbolique réussie. Ce qui n’était pas gagné d’avance. L’un des membres du Collectif affirme ainsi à Algérie-Focus.com qu’ils ont dû «galérer avec l’administration du campus universitaire pour avoir l’autorisation à organiser cette manifestation. « Le climat d’appels à la régression, aux menaces et à la violence nous a motivé à créer ce collectif pour mener des actions afin de s’impliquer dans les débats de la société avec des idées progressistes et innovantes. L’élément déclencheur été l’évènement du 15 février passé. Nous comptons organiser pleins d’autres actions dans ce sillage».
Arezki Ibersiene