Renouvellement du passeport/ Le parcours du combattant

Redaction

Que se passe-t-il dans certaines circonscriptions administratives en Algérie ? Pourquoi renouveler son passeport est-il devenu une démarche si pénible pour les Algériens ? Pourquoi en 2015, certaines administrations baignent encore dans l’anarchie et n’arrivent pas à répondre à la demande des citoyens ? Renouveler son passeport en Algérie est devenue une tâche éprouvante qui met les nerfs à fleur de peau. Témoignage.

J’ai décidé de renouveler mon passeport car il devait expirer dans moins de six mois. Profitant du mois du Ramadhan, je me suis persuadée que l’affluence sur la circonscription administrative de Bir Mourad Raïs allait être moins importante. Je suis arrivée au niveau de la daïra vers les coups de 6h30 du matin. J’étais agréablement surprise de voir que deux personnes seulement se tenaient devant moi. Heureuse de pouvoir enfin être parmi les premiers arrivés et éviter le rush et les bousculades. J’ai demandé à la jeune femme qui se tenait devant moi à quelle heure ouvrait la daïra. Elle me répondit que je devais d’abord inscrire mon nom sur une liste car plusieurs personnes m’avaient devancé. « Quoi ! Je croyais être parmi les premiers ! », criais-je, déçue et en colère. La bonne dame m’expliqua qu’une liste, déjà déposée auprès de la daïra, permettait à chacun de connaître son tour.

En allant jeter un coup d’œil à cette fameuse liste, je découvre avec consternation que je suis à la 37e place ! 36 personnes étaient déjà venues avant 6h du matin pour inscrire leurs noms sur ce bout de papier. Comment est-ce possible ? Je tente de m’informer auprès des citoyens qui se trouvaient sur place et une vieille femme, dont le nom était inscrit en premier, me déclara : «Je suis venue trois fois pour déposer le dossier de renouvellement de mon passeport au niveau de cette daïra et je ne vous cache pas que j’ai rebroussé chemin à chaque fois, en raison des bousculades et de l’anarchie. Un agent de sécurité m’a affirmé que si je désirais être la première, je devais inscrire mon nom sur la liste à 2 heures du matin. J’ai donc envoyé, hier soir, mon fils pour me mettre sur la liste à 1h du matin et me voilà enfin prête à déposer mon dossier », dît-elle essoufflée.

Une autre dame, la cinquantaine, venait d’arriver sur place alors que la foule devant le siège de la daïra commençait à s’agrandir en cette journée caniculaire. Elle n’était que sixième sur la liste et elle s’est inscrite à 4h du matin. « Je n’ai presque pas dormi quand j’ai appris qu’il y avait une liste sur laquelle les noms devaient être apposés», affirma-t-elle.

Plus de 70 personnes sont venues après moi et nous avons attendu jusqu’à 8h pour que la daïra ouvre ses portes.  À l’intérieur, nous étions contraints d’attendre que les employés, épuisés et ensommeillés, décident enfin de commencer leur journée. Ce n’est qu’à 8h30 que le responsable du guichet des passeports biométriques commence à appeler les citoyens pour leur offrir leur ticket portant leur nom afin d’éviter que des personnes malintentionnées ne vendent leur ticket à d’autres plus pressées et impatientes. Il faut dire qu’entre les employés nerveux, les citoyens stressés et la canicule croissante, je n’avais qu’un seul souhait : pouvoir enfin déposer mon dossier et avoir mon passeport dans les meilleurs délais. Cependant, je ne pouvais pas m’empêcher de comparer l’Algérie à d’autres pays développés et chercher à comprendre pourquoi les responsables concernés ne trouvent pas de solutions à même de réduire l’affluence sur cette daïra, en créant des annexes à Ain Naadja, Birkhadem et d’autres communes dépendant de cette circonscription administrative très peuplée ? Ma question demeure jusqu’à aujourd’hui sans réponse…

Nourhane S.

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