Le réveillon en Algérie est plus que jamais le symbole de ces inégalités sociales qui minent la société algérienne. A l’approche de cette fête devenue populaire en Algérie à l’instar des autres pays du monde, les Algériens, notamment les plus jeunes assoiffés de vie et de liberté, commencent, à chaque fois, à stresser. Et pour cause, avant de se lancer dans la quête du bon plan pour fêter le réveillon du Nouvel An, il faut d’abord peser le poids de son portefeuille.
En Algérie, selon que vous serez puissant ou misérable, la soirée du 31 décembre vous rendra « blanc » ou « noir ». En effet, tout est question d’argent dans notre pays à l’occasion de cette fête universelle. Véritable luxe que tout le monde ne peut pas se permettre, la soirée du 31 décembre est surtout réservée aux riches millionnaires. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les prix des soirées organisées dans les restaurants et hôtels huppés d’Alger, d’Oran ou de Béjaïa, les trois villes les plus fêtardes en Algérie. Ces soirées avec Dj, orchestres et troupes musicales, diverses animations, diners complets et même des gogo danseuses, sont proposées à des prix exorbitants, quelques fois indécents. Lisez et jugez par vous-mêmes : pour un simple diner pendant cette soirée qui doit clôturé en beauté l’année 2013, un couple doit dépenser au moins 12.000 ou 13.000 Da, à savoir 80 % du salaire minimum en Algérie.
Sans une telle somme, impossible pratiquement d’espérer de s’offrir un diner dansant pour entrer dans la nouvelle année sous les meilleurs auspices. A titre d’exemple, à Alger, au café-théâtre « l’escalier des artistes », un établissement, ouvert cette année, réputé jusque là pour son ambiance bon enfant et ses prix accessibles, un couple ne peut bénéficier d’un « repas copieux » et « d’un bœuf musical » que s’il est disposé à payer 12 000 DA ! Et là encore, ce prix parait raisonnable par rapport aux prix affichés dans les autres établissements à l’exemple de l’Hôtel Renaissance de Tlemcen où pour entrer dans le restaurant Arabesque, il faut prouver qu’on est capable de payer au moins 13 000 Da par personne ! A Béjaïa, au célèbre hôtel Auberge Thaïs, la formule du Réveillon la moins chère est fixée à plus de 21 000 Da. Dans les bons restaurants d’Alger qui se préparent chaque année pour un 31 décembre joyeux et agréable, il est impossible de trouver un diner à moins de 9000 Da pour un couple.
Les boites de nuits ne sont pas en reste. Trés prisées durant la soirée du 31, elles affichent elles-aussi des prix qui excluent la majorité des algériens à la bourse modeste. Preuve en est, à l’hôtel Méridien d’Oran où une belle soirée sera animée par des gogos danseuses, le prix de l’entrée est fixé à 5000 Da la personne et 9000 Da le couple. Le déhanchement de ces danseuses est tellement attendu qu’il ne reste presqu’aucune place. A l’hôtel El Riad de Sidi Fredj, pour passer le réveillon en compagnie d’une pléiade d’artistes algériens, il faut casser aussi sa tirelire et sortir 13 000 Da par personne et 25 000 Da par couple. Les prix de toutes ces offres de soirées de réveillon prouvent bien que l’Algérien moyen n’a pas droit à la fête. Que lui reste-t-il donc ? Un simple repas de famille et quelques bonnes résolutions…