Par Nassim Brahimi
C’est difficile de parler de l’économie algérienne, car il est souvent difficile de parler des choses qui n’existent pas!
Essayons de résumer un peu son état actuel, qui ressemble étrangement à son état de toujours. Voilà le topo : L’Algérie a un sud, dans lequel il y a des Hassi (puits), à partir desquels on pompe des hydrocarbures, qu’on achemine vers le nord, qui, lui-même, se chargera de les exporter encore plus au Nord (le vrai). En contre partie, l’Algérie, qui se trouve être au sud, reçoit de l’argent du Nord. De l’argent qu’on redonnera vite au Nord afin qu’il nous redonne de quoi nourrir, guérir, habiller, transporter et calmer tant les Algériens du sud que ceux du nord. Pas besoin d’être économiste émérite pour comprendre ce circuit d’échanges préhistorique, tout est question de géographie.
Conscients de cette situation, les étrangers sont venus investir en Algérie… l’argent de l’Algérie, remplaçant pour l’occasion, le transfert de savoir-faire par celui des dividendes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que comme investissement étranger, il n’y a pas plus direct. Pour eux, nous ne serons jamais plus que de vulgaires consommateurs qui bouffent tout, du pain au 4X4 Hummer en passant par les feuilletons turcs. A quoi leur servirait, donc, de nous apporter de la valeur ajoutée, puisque, de toute façon, ils ne trouveront pas à quoi l’ajouter? Et puis, vint le peuple, qui aime mâcher et remâcher le chewing-gum de l’ère socialiste.
Cette fameuse «paisible» époque, dont on ne se rappelle que grâce, ou à cause, des spots télévisés filmant des réunions qui débouchaient sur d’autres réunions, le tout n’ayant pu enfanter plus que des émeutes. C’est ainsi que l’Algérie a été ballotée d’une planification à une autre, la déplanifiant, et d’une structuration à une autre, la déstructurant. Jusqu’au jour où on découvrit les plans de relance qui n’avaient rien à relancer et tout à lancer. Et dont on se rendait compte, une décennie après leur lancement, qu’ils représentaient une fausse piste.
Pour expliquer, ou plutôt, légitimer ce bazar, le peuple accuse l’Etat d’incompétence. Ce dernier se défend en traitant le peuple de fainéant et de gâté (en sous-entendus bien-sûr). Ainsi, chacun se déculpabilise et tout le monde trouve son compte. La boucle est bouclée et c’est ainsi que va l’Algérie. La faute à qui? Ni au peuple, ni à l’Etat, mais aux dinosaures qui, au moment où ils se sont fossilisés dans notre désert pour devenir pétrole, nous ont condamnés à attendre leur retour pour démarrer. Après quoi, ils ont disparu.