Le divorce en Algérie : « le gâteau en été et l’avocat en hiver »…

Redaction

Alors que le mot faisait frémir nos mères et nos grand-mères, la jeune génération a aujourd’hui de plus en plus recours au divorce.

Le divorce est souvent considéré comme le dernier recours quand la vie de couple devient insupportable pour les deux partenaires. Cependant, quand le divorce est un moyen de facilité auquel recourent de plus en plus de jeunes couples pour des raisons parfois futiles, il faut tirer la sonnette d’alarme. Selon des chiffres officiels, de 2007 à 2011, le divorce a connu une hausse de 61%, passant de 34 123 à 55 490 cas enregistrés. Sur ce nombre de divorces, la répudiation, un droit de l’époux, arrive en tête de liste avec 106 614 femmes répudiées en cinq ans. Il n’en demeure pas moins que plusieurs femmes ont elles aussi réclamé le divorce, de sorte que les cas où la femme est responsable de la rupture deviennent de plus en plus fréquent dans la société algérienne. Plusieurs femmes avouent ne pas supporter les responsabilités de la vie commune ou le caractère de leur mari et affichent le désir de retrouver leur indépendance.

«Je ne pouvais pas supporter qu’il hausse le ton, me crie dessus comme si j’étais une gamine. Il m’insulte, je l’insulte, et la vie ne pouvait pas continuer, car entre nous c’était la guerre. Moi avec mon fort caractère, je ne pouvais pas fermer l’œil et supporter qu’il me malmène », avoue cette jeune femme de 19 ans dont le mariage n’a même pas duré une année. Le divorce pour ce type de raison est fréquent, surtout dans les cas où la famille de la femme la soutient alors même que la société continue de condamner les femmes divorcées. 

Si nos mères et nos grand-mères faisaient preuve d’une extrême endurance dans leur couple, la génération d’aujourd’hui semble donc plus affirmée. Mais dans certains cas,  les raisons du divorce paraissent bien futiles. «Mon mari ne m’achète jamais de cadeaux comme les autres hommes, il est radin et moi je veux vivre ma vie et profiter de toutes les belles choses. Une fois, il a refusé de m’acheter une bague en or qui était très belle. À la maison, j’ai fait une crise, je l’ai traité de tous les noms et j’ai fini par quitter la maison. Impossible de terminer ma vie et de ruiner ma beauté avec un avare », raconte Houda, 20 ans.

Pour Amel, c’est la relation de son époux avec sa mère qui était la goutte qui a fait déborder le vase : «je ne supportais plus qu’il me colle sa mère chaque fois que nous avions envie de sortir sous prétexte qu’elle est seule et qu’elle aime notre compagnie. Je voulais un homme indépendant et à moi toute seule ». C’est avec ces mots qu’Amel, 23 ans explique les motifs de son divorce.

Bien qu’il n’y ait pas de statistiques officielles, le nombre de cas de divorces justifiés par des raisons mineures semble être en augmentation. Salima Laloui, psychologue clinicienne, explique ce phénomène par l’immaturité des couples, notamment quand l’âge du mariage est précoce. Elle évoque également l’influence des feuilleton turcs et indiens qui produisent un effet de « lavage de cerveau » sur des jeunes femmes encore immatures. « Si certains divorces sont justifiés et demeurent la seule solution pour un couple qui va mal, d’autres n’ont aucune raison valable. La famille ne joue plus son rôle d’autrefois. Certaines mamans poussent leurs filles à prendre cette décision hâtive et d’autres femmes sont influencées par des fictions qui n’ont aucun rapport avec la réalité », explique la spécialiste.

Le mariage est-il en train de devenir un contrat à durée déterminée ? Il semble que l’adage qui dit « El Gatou fi sif et el bougatou fi chta » (le gâteau en été et l’avocat en hiver) soit vrai. Preuve en est,  les affaires de divorce se multipliant.

Nourhane. S.