Dans un climat d’extrême tension en France, en pleine psychose et alors que le plan vigie-pirate a été renforcé, l’Ifop à réalisé un sondage d’opinion (entre le 8 et le 9 janvier) qui révèle que, si 66% des Français considèrent que les musulmans vivent paisiblement en France, 29% considèrent en revanche que l’Islam représente une menace.
Dans un climat de peur et de terreur, quelle est le véritable poids d’un tel sondage ? Alors que les médias relayent en continu les attaques dramatiques qui ont touché la France ces derniers jours, l’Ifop a choisi un climat plus que tendu pour demander aux français de s’exprimer au sujet des musulmans. Une rassurante majorité ne tombe pas dans le piège de la peur et de la dramatisation en reconnaissant chez leurs concitoyens musulmans, une pratique de leur religion tout à fait paisible et respectueuse des lois françaises. Ils ne sont, pour 66% des français, pas une menace.
Pour les 29 autres % qui voit en l’Islam une menace, on peut se demander s’il s’agit d’amalgame, de ras-le bol, de manque de culture ou de réelle islamophobie. Lorsqu’on regarde le tableau de plus près, on distingue clairement qu’une forte proportion des électeurs du Front National pointe du doigt une menace en direction de l’Islam. La question de l’identité nationale était, avant l’attentat terroriste, sur le devant de la scène médiatique. De Zemmour à Houellebcq en passant par le FN, dans toutes les bouches, on pouvait lire une façon assez décomplexée de pointer du doigts les musulmans de France, comme responsables de tous les maux du pays et de la perte de la culture et de l’identité française. Cela ne vous rappelle rien des heures sombres de l’histoire ? Quand une communauté ou un groupe était la cible de toutes les attaques, et coupable soit disant du chômage, de la violence…?
Le sondage est pourtant bien révélateur d’un sentiment anti-islam grandissant dans l’Hexagone. Pour preuve, ces nombreuses attaques de mosquées faisant suite aux attentats terroristes qui ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo et à la prise d’otage survenue hier vendredi à Vincennes (Paris), qui a coûté la vie à 4 personnes dans une supérette Casher (Hyper Casher). La communauté musulmane est la double victime de ce terrorisme. Il faut rappeler que dans le monde, les populations les plus touchées et souffrantes du terrorismes sont des populations musulmanes. Les années noires en Algérie peuvent témoigner de ce fait. Voilà les inscriptions qu’on a pu lire sur les murs des mosquées peu après les événements sanglants qui ont touché la capitale française : à Mâcon «Islam on va vous niquer–Charlie», à Rennes l’inscription bretonne «Er Maez Arabed» qui veut dire arabe dégage, à Béthune «Dehors les Arabes», à Lievin le chantier de la future mosquée a été couvert de tags nazis durant la nuit, à Saint-Juéry (Tarn), quatre coups de feu ont été tirés par un ou plusieurs individus sur la façade de la mosquée, à Corte (Haute-Corse), une tête de porc a été retrouvée et des viscères ont été accrochés à la porte d’une salle de prière musulmane, à Villefranche-sur-Saône (Rhône), explosion d’origine criminelle a eu lieu vers 6 heures jeudi matin tout proche d’une mosquée, au Mans (Sarthe), trois grenades ont été lancées dans la nuit de mardi à mercredi dans la cour de la mosquée des Sablons…
Voilà une liste que l’on pourrait encore compléter par bien d’autres faits similaires relevés partout sur le territoire français et témoignant de ce sentiment anti-musulman très présent dans ce contexte très tendu.