Moins de 24 h après la publication des résultats, l’édition 2013 du baccalauréat secoue encore la jeunesse algérienne. Recalée à l’épreuve, une jeune fille s’est défenestrée lundi soir tandis que des dizaines de candidats, reconnus comme tricheurs, manifestent dans les rues d’Alger au nom de « leur droit au baccalauréat ».
Il est des échecs difficiles à accepter à l’adolescence. Ne pas être obtenir de résultat positif aux épreuves du baccalauréat en fait partie. Quelques heures après l’annonce des résultats, publiés en ligne lundi soir, une jeune fille âgée de 16 ans s’est jetée du haut du 5è étage d’un bâtiment de la rue Larbi Ben M’hidi à Alger. Dévastée par la tristesse de son échec à l’examen, qu’elle croyait pourtant avoir réussi avec brio, cette jeune lycéenne algérienne a donc tenté de commettre l’irréparable. Arrivés à temps sur les lieux du drame, les pompiers lui ont porté secours et sauvé la vie. Souffrant de plusieurs fractures ouvertes aux pieds et de douleurs au niveau du thorax, elle a été rapidement évacuée vers le CHU d’Oran, dans un état jugé sérieux.
La pression de l’examen, visiblement trop lourde pour les épaules de certains adolescents algériens, a conduit quatre candidats au baccalauréat à essayer de mettre fin à leurs jours cette année durant les épreuves écrits. L’un des candidats algérois a même péri des suites d’une crise cardiaque, provoquée par une interdiction d’assister à une épreuve, ce-dernier s’étant présenté avec une demi-heure de retard à l’épreuve de mathématique, comme nous l’avions rapporté il y a quelques semaines.
« C’est injuste ! »
Si certains expriment dans la douleur et le désespoir le plus profond l’amertume de leur échec au baccalauréat, d’autres battent le pavé. Cette année, 3.000 candidats au baccalauréat, majoritairement issus de la branche littéraire, ont été reconnus coupable de tricherie. Un chiffrement anormalement élevé pour cet examen. Encore plus anormal, une dizaine de ces recalés, culottés, ont osé défiler place Audin dans le centre ville d’Alger ce mardi pour réclamer justice. Parfois accompagnés de leur parent, Ils sont descendus dans la rue pour revendiquer « leur droit à un baccalauréat ». Une scène totalement ubuesque qui pourrait faire rire si seulement elle n’était synonyme du mal qui ronge notre société, où la triche et les passe-droits sont la norme. « J’ai consulté les résultats sur Internet : ils ne donnent aucun détail sur les notes obtenus. A côté du nom, on trouve seulement : « cas de tricherie » », s’insurge une jeune candidate venue, elle aussi, de Staouali.
Interrogés par nos confères du site web TSA, ces lycéens continuent de plaider leur innocence. « Tout le centre d’examens a été exclu. C’est injuste ! Ce n’est pas tout le monde qui était en train de tricher. Qu’est-ce qu’on fera pendant dix, cinq ou même un an ! », s’indigne Mehdia, candidate recalée, accompagnée de sa mère. « Et puis les enseignants ont laissé faire. Certains avaient même aidé les candidats à tricher », accuse-t-elle en estimant qu’ils devraient, eux aussi, être sanctionnés pour cinq ou dix ans. « Les enseignants auraient pu (même sous les menaces) mettre des croix sur les feuilles des fraudeurs à la fin », estime une autre candidate. « Et puis même si on trouve que toute la classe a donné la même dissertation, ce n’est pas une preuve. Dans la philo, on apprend des dissertations par cœur. Tout le monde le sait ! », poursuit-elle, avec un peu de mauvaise foi.
La majorité de ces manifestants a passé ses examens au lycée Okba Ibn Nafaa à Bab El Oued, où nous avions fait part de cas de triche. En effet, équipés de leur téléphone mobile et menaçant les surveillants, certains candidats étaient sortis de la salle d’examen durant l’épreuve de philosophie pour communiquer avec l’extérieur.