Cela fait exactement dix-huit ans que la localité de Bentalha, dans la banlieue sud d’Alger, a connu une nuit d’horreur. Dans la nuit du 22 au 23 septembre 1997, des assassins, qu’on présentaient comme éléments du Groupe islamique armé (GIA), entrent dans le village et commettant un carnage. Selon plusieurs sources concordantes, le bilan macabre s’élève à plus de 200 morts. D’autres sources avancent un bilan beaucoup plus lourd en parlant de plusieurs centaines de victimes.
Le monde entier se souvient de la fameuse photo « La madone de Bentalha » du photographe de l’AFP, Hocine Zaourar, montrant une dame éplorée, se lamentant du sort réservé à ses proches. Primée à la World presse photo, l’image est restée le symbole de cette nuit d’horreur qui marquera à jamais l’Histoire de ce pays tourmenté.
La presse algérienne de l’époque a publié des images d’enfants brûlés, de femmes enceintes éventrées et de restes de chaire humaine brûlée. Les récits des rescapés sont bouleversants. Et les témoignages des survivants sèment encore le doute sur cette période sombre de l’histoire de notre pays.
La présence, à quelques encablures du village, d’une caserne de l’armée sème alimente davantage le doute sur les auteurs du massacre. Alors que l’opinion publique pointe du doigt les terroristes du GIA, l’absence de réaction adéquate de la part des militaires a poussé certaines ONG à soupçonner ces derniers d’être les auteurs du massacre. L’armée s’est défendue en affirmant que son mode de fonctionnement « à la soviétique » ne lui permettait pas d’intervenir à temps. Certains anciens haut gradés de l’institution militaire sont même allés à avancer l’argument de l’absence d’éclairage dans les parages, ce qui, d’après eux, constituait un danger pour les soldats.
Dix-huit ans après, le mystère reste entier. Et les interrogations des familles et de l’opinion publique restent les mêmes. Bentalha n’a toujours pas pansé ses plaies.
Essaïd Wakli