Traqués, les non-jeûneurs organisent la riposte. Des militants politiques, des artistes, des journalistes et de simples citoyens ont déjà signé une pétition appelant à un déjeuner public le 3 août prochain au carrefour Matoub-Lounès, à Tizi-Ouzou.
Dans un communiqué rendu public, ces hommes et femmes se soulèvent contre « l’inquisition » et réclament le droit de « vivre » la religion comme bon leur semble. Ils appellent ainsi ceux qui sont convaincus par « la liberté du culte » de venir assister à un déjeune collectif à Tizi-Ouzou le 03 août prochain.
Parmi les signataires, on reconnaît le célèbre journaliste Mohamed Benchicou, la présidente de la Fondation Matoub-Lounès, Malika Matoub, le président du MAK Bouaziz Aït-Chebib et le journaliste Mohamed Mouloudj. Des artistes et des citoyens se sont joints à l’appel.
La multiplication des cas de poursuites contre les non-jeûneurs a été l’origine de cette initiative. Tout a commencé lorsqu’un groupe de gendarmes a fait irruption dans un café à Tifra, dans la commune de Tigzirt (30 Km au Nord de Tizi-Ouzou). Les citoyens qui s’y trouvent avaient été interpellés. Tout le monde avait été relâché après la mobilisation du comité de village. Pour calmer le jeu, le commandement de la Gendarmerie nationale avait démenti toute brutalité. Le mal est cependant fait.
A Aokas, à l’Est de Béjaïa, des jeunes avaient été également interpellés avant d’être relâchés, pour les mêmes motifs. Eux aussi étaient en train de manger dans un café aux portes closes. Il y a trois jours, des jeunes d’Azeffoun avaient failli être lynchés, si n’eût été la présence inopinée de policiers en civil.
Ce phénomène ne touche pas seulement l’Algérie, mais aussi ses voisins du Maghreb. Au Maroc, un groupe de militants des Droits de l’Homme avait organisé, l’an dernier, une initiative similaire. La police avait procédé à des interpellations. En Tunisie, le gouvernement islamiste d’Ennahdha a fermé cette année tous les lieux de restaurations. Les restaurants et cafés sont cependant autorisés à ouvrir dans les zones touristiques.
En Algérie, les restaurants des grands hôtels ainsi que ceux de l’aéroport international d’Alger sont ouverts normalement.
Essaïd Wakli