Des cités baptisées au nombre de logements qu’elles comportent aux arrêts de bus identifiés à une spécificité de leurs lieux d’implantation, le paysage urbain algérien est truffé de « barbarismes » servant de toponymie. Pourtant, notre patrimoine, autant historique que culturel, dispose d’un réservoir quasi-illimité de possibilités de dénomination.
Intervenant lors d’une rencontre intitulée « onomastique et identité culturelle », organisée dans le cadre du SILA, le directeur du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), Brahim Atoui a appelé, jeudi, à Alger, à la « normalisation » des noms donnés aux lieux publics en « préalable » à la dénomination et à l’identification de ces espaces. Il a plaidé pour une toponymie normative pour uniformiser la transcription des noms des lieux publics.
Evoquant l’existence d’une base de données, élaborée en 1996 par un groupe de chercheurs de l’Institut national de cartographie et de télédétection (INICT), comportant quelque 200. 000 toponymes, il a demandé son application après approbation de la Commission nationale de topographie, une instance sous tutelle du ministère de la Défense nationale.
L’intérêt de normaliser les toponymes, a indiqué le chercheur, est dicté par le souci de préserver la mémoire, les noms de figures nationales donnés aux lieux publics.
M.Atoui, également membre du Groupe d’experts des Nations unies pour les noms géographiques(GENUNG) pour l’Afrique, a relevé un « dérèglement toponymique » touchant les villes algériennes dont certaines, a-t-il rappelé, portent des noms datant de l’époque coloniale, ottomane et française.
Outre leur valeur culturelle, les toponymes normalisés permettent un usage utilitaire dans l’espace urbain, à l’instar de la distribution du courrier ou encore l’organisation des secours en cas de catastrophe naturelle.