Le “tourisme halal” offre aux musulmans de multiples opportunités de voyages plus respectueux de leurs pratiques religieuses, là où ces conditions n’étaient autrefois garanties qu’à l’occasion d’un pèlerinage à La Mecque. Décryptage d’un phénomène encore peu développé en Algérie, mais en plein essor dans le monde musulman notamment en Europe.
“Passer des vacances tranquillement sans se poser de questions,” voilà le but recherché par les touristes musulmans qui choisissent le “tourisme halal”. Au programme : des piscines séparées pour les femmes et les hommes, des buffets 100% halal sans porc ni alcool, ou encore des appels à la prière diffusés dans les hôtels, qui mettent également à disposition des salles de prière directement dans leurs locaux.
“Le marché algérien du “tourisme halal” est une niche très intéressante à exploiter,” estime Nacer Eddine Ben Chinoun, fondateur de voyageshalal.com. Son site, lancé en 2013, ne compte que quelques clients algériens, mais le voyagiste prévoit de se développer rapidement dans le pays, en ciblant en priorité des familles aisées qui souhaitent vivre des vacances plus en phase avec leur éthique religieuse. Cette offre n’existait pas du tout en Algérie il y a encore quelques mois, et ces clients, plutôt fortunés, devaient s’organiser seuls ou bien solliciter des agences de voyages asiatiques ou européennes.
“Jusqu’ici on allait au bled, maintenant on a envie de profiter des vacances”
Mais si le marché du “tourisme halal” en est encore au stade embryonnaire en Algérie, il est en pleine expansion dans le monde musulman, pesant près de 100 milliards d’euros par an. Une impressionnante manne financière, mais aussi un phénomène sociologique intéressant. “Jusqu’ici on allait au bled, maintenant on a envie de profiter des vacances,” analyse le sociologue français Guillaume Demuth.
“Il ne s’agit vraiment pas d’un repli communautaire,” complète la journaliste Bethsabée Zarka. “Il s’agit au contraire d’une ouverture, puisque c’est une communauté musulmane qui auparavant n’était pas ouverte à la culture des vacances.”
L’offre se développe principalement dans les pays musulmans, en Malaisie, aux Emirats arabes unis ou encore en Turquie. Mais pas seulement, comme le montre ce document vidéo tourné pour partie en France. Quant aux pays du Maghreb, aucun complexe touristique ne propose pour le moment ce concept en Algérie, et il n’y aurait que deux hôtels avec des bars sans alcool au Maroc et en Tunisie.