Elle était devenue l’une des figures emblématiques du mouvement féministe Femen. Finalement Amina Sboui, dite « la Femen tunisienne », a abandonné le groupe militant, qu’elle soupçonne d’être islamophobe.
Amina était la première maghrébine à rejoindre le très controversé groupe féministe. Après avoir fait longuement parler d’elle, de sa première photo seins nus postée sur Facebook à la dernière où elle pose avec une bouteille d’alcool et une cigarette à la bouche, Amina rejette en bloc le mouvement qu’elle a soutenu au péril de sa vie. Qu’est-ce qui a déclenché cette crise de conscience ? Elle ne se reconnaîtrait pas dans le mouvement qu’elle trouve trop obscur, et même islamophobe. «Je ne veux pas être dans un mouvement où il y a de l’argent douteux. Et si c’était Israël qui finançait ? Je veux savoir. Et puis, je ne veux pas que mon nom soit associé à une organisation islamophobe», confie-t-elle au Huffington Post Maghreb, lors d’une interview publiée ce mardi 20 août. Une des actions des Femen aurait froissé la tunisienne, qui milite malgré tout pour le respect de l’Islam. « Je n’ai pas apprécié l’action où les filles criaient “Amina Akbar, Femen Akbar” devant l’ambassade de Tunisie en France, ou quand elles ont brûlé le drapeau du Tawhid devant la mosquée de Paris », déplore la jeune féministe.
Comportement et conscience contradictoires ?
La jeune femme qui avait été arrêtée par la police après avoir tagué le mot « Femen » dans un cimetière, venait de purger une peine de prison de deux mois. A peine sortie, Amina Sboui a finalement décidé de ne plus soutenir le mouvement d’origine ukrainienne. Une annonce surprenante, pour celle qui avait inspiré d’autres femmes. D’autant plus que dernièrement la Tunisienne avait à nouveau posté une photo d’elle se mettant en scène avec une cigarette et une bouteille d’alcool. Seins nus encore, elle affichait sur son torse le message « We don’t need you democracy » (« nous n’avons pas besoin de votre démocratie »), accompagné du signe anarchiste mais cette fois le signe Femen n’est pas clairement affiché, à part la méthode de la nudité. « Oui, une photo seins nus avec le A cerclé, symbole anarchiste. C’est différent », s’est-elle justifiée dans les colonnes du HuffPost.
Amina is free
La jeune femme n’aurait pas prévenu les Femen de sa décision de partir. « Elles ne vont peut-être pas apprécier mais bon, c’est comme ça », a-t-elle estimé. Pour la responsable des Femen, Inna Shevchenko, la démarche d’Amina n’est pas inattendue mais décevante. «Nous savions que la prison a brisé Amina. Il est habituel qu’une personne sous pression baisse les bras et prenne ses distances. D’autres militantes des Femen qui ont été arrêtées ont eu la même réaction», a-t-elle expliqué au quotidien français Libération. Et d’ajouter, elle a «trahi les milliers de femmes de plusieurs pays qui se sont déshabillées pour la soutenir lors de la campagne « free Amina », qui ont affronté les représentants islamistes pour elle. C’est grâce à cette campagne qu’Amina est hors de prison.»
Mais pour elle pas question d’abandonner ses idéaux féministes. « Mon problème n’est pas de pouvoir porter une mini-jupe ici. Je sais que je pourrai toujours le faire. Mais que demain une femme puisse devenir Présidente de la République, que dans les milieux ruraux les femmes ne soient pas celles qui souffrent le plus », explique Amina, qui pourrait rejoindre la cause d’un autre groupe : Feminism Attack.