Un «casse» en plein jour au vu et au su de tout le monde, ça peut se passer en Algérie. Avant-hier, en fin d’après-midi, quelques jeunes, pas du tout recommandables, se sont attaqués à un débit de boissons alcoolisé situé au niveau de l’artère principale de la ville de Ain Benian, à l’Ouest d’Alger.
Fermé, ils ont forcés le rideau avant que l’un des leurs accède à l’intérieur. Il était environ 18 h 30. Ne craignant nullement les services de sécurité, ils se sont adonné à leur forfait alors que des dizaines de citoyens se sont amassés sur place. La police a été avisée à temps. Ces jeunes ont commencé alors à faire sortir des cartons de divers produits, principalement du «Whisky», un produit assez cher. Brandissant un poignard pour l’un d’eux et des barres de fer pour les autres, ces jeunes, qui, il y a quelques jours, faisaient partie de la cinquantaine de personnes, dont des barbus, qui manifestaient dans ce lieu pour fermer ce débit de boissons, ont pris tout leur temps. Un véhicule de la police est arrivé sur place vers 19 h 30, soit une heure plus tard. Et pourtant, le débit en question se situe à 200 mètres environ du commissariat.
« Si ça continue comme ça, on va se faire agresser chez nous »
D’ailleurs, le regroupement des gens autour du débit était visible à partir du commissariat. Peu avant l’arrivée des deux policiers, les jeunes voleurs se sont mis à jeter quelques bouteilles de bières dans la rue. L’astuce est de faire croire aux policiers que c’est une manifestation anti-alcool. D’ailleurs, aussitôt arrivés, l’un de ces jeunes est allé lui-même vers les deux policiers leur demandant de l’emmener au commissariat afin qu’il puisse réaffirmer la nécessité de fermer le débit de boisson. Ceci après avoir proférer à l’endroit des agents des services de sécurités des injures de tous genre. Un autre jeune, son frère selon des témoins, est monté sur le toit du véhicule des policiers quand il s’apprêtait à démarrer. Il ne fut pas inquiété. Ce n’est que vers 20 heures, que trois autres véhicules de la police sont arrivés sur les lieux pour faire le constat du vol. « Si ça continue comme ça, on va se faire agresser chez nous, dans nos maisons, et la police n’interviendra pas », nous a déclaré l’un des riverains. Selon toute vraisemblance, ces jeunes, délinquants pour la plus part, ont profité de la passivité de la police, apte à répondre plus énergiquement quand il s’agit d’une manifestation aux slogans politiques. « On a l’habitude d’organiser des manifestations pour réclamer nos droits. Ils n’ont jamais fait preuve d’autant de largesse comme ça se passe actuellement avec ces délinquants », nous dira un militant habitant cette ville.
Il y a quelques jours, une cinquantaine de jeunes ont fermé la route principale de cette ville, au niveau de ce débit de boissons, pour réclamer sa fermeture, de 14 heures jusqu’à 20 heures du soir, causant d’énormes désagréments pour les automobilistes, sans que la police ne daigne intervenir. Le «laisser aller» de la police envers ces délinquants, qui sont entrain d’imposer leur loi, reste incompréhensible pour bon nombre de citoyens de cette ville. Et les choses risquent de s’aggraver.
Elyas Nour