« Les Derniers Jours de Muhammad », ce livre écrit par la tunisienne Hela Ouardi, professeur de littérature et de civilisation à Tunis, membre associé du Laboratoire d’études sur les monothéismes en France, ne manquera pas de susciter une vive polémique dans le monde musulman.
La chercheuse remet en cause dans son ouvrages de nombreuses « vérités » sur la vie du prophète Mohamed et interrogent de nombreuses sources bibliographiques pour explorer les zones d’ombre de la vie du guide des adeptes de l’islam. Hela Ouardi commence fort dans son ouvrage qui vient de sortir en France aux Editions Albin Michel. En effet, l’auteure explique que le prophète Mohamed (QSSL) aurait été assassiné et ne serait pas mort naturellement. « A la fin de sa vie, il a été victime de plusieurs attentats. Il se méfiait de son entourage d’ailleurs, et quand on l’a forcé à prendre un médicament, il a demandé aux personnes présentes de prendre la même potion. En fait, d’après certains auteurs musulmans, il serait peut-être mort de pleurésie. Mais les plus anciennes biographies musulmanes affirment qu’il aurait été empoisonné par une juive de Khaybar. Cette thèse embarrasse les théologiens qui considèrent qu’elle pourrait nuire au prestige du prophète. Les docteurs d’Al-Alzhar reconnaissent ainsi qu’il a été empoisonné, mais assurent qu’il a survécu trois ans au poison, preuve de l’intervention divine… », raconte Hela Ouardi dans une interview accordée au site Internet du magazine français Le Point.
La chercheuse tunisienne a même révélé que le corps du prophète Mohamed (QSSL) est resté en décomposition le temps qu’un « coup d’Etat » s’opère pour prendre le contrôle du Califat. « Les textes évoquent même la décomposition du corps. Deux hypothèses majeures peuvent expliquer cette situation : d’abord le déni. On ne veut pas croire qu’il soit mort et l’on pense qu’il va ressusciter. Mahomet ne promettait-il pas la fin du monde ? La deuxième raison est plus politique, et c’est celle défendue notamment par les chiites : ces trois jours ont permis à Abu Bakr et Umar d’écarter la famille de Mahomet et de s’organiser pour lui succéder. Il leur fallait du temps pour mettre en place ce qu’on pourrait appeler un « coup d’État » », assure Hela Ouardi, selon laquelle l’histoire du prophète a été « écrite pour les besoins d’une légitimation du pouvoir ». D’ailleurs, l’écrivaine remet en cause la version officielle rapportée par les sources religieuses concernant sa mort. « Les sources non musulmanes contemporaines de l’époque du prophète attestent de la présence de ce dernier à Gaza en 634. Je dois rappeler que l’arrière-grand-père de Mahomet, Hâchim, serait lui-même mort à Gaza », indique Hela Ouardi.
La chercheuse affirme, enfin, qu’elle a mené un travail scientifique en consultant et lisant de nombreuses sources. « Mon livre n’est pas une œuvre de fiction. C’est le résultat de trois ans de lecture attentive du Coran, des hadiths, c’est-à-dire les faits et les dires que l’on attribue au prophète, et des récits biographiques publiés après sa mort », déclare-t-elle.