Il s’appelle Derri Mohamed. Ce terroriste algérien n’était guère connu. Mais depuis 4 mois, il ne cesse de faire parler de lui. Pis encore, il est devenu le leader de la filière djihadiste qui recrute des Algériens pour aller se battre en Syrie contre le régime de Bachar Al-Assad. Aujourd’hui, il fait partie des combattants de « L’État islamique en Irak et au Levant », communément appelé Daech.
Derri Mohamed n’est pas un simple combattant. Non, ce djihadiste algérien exécute en direct les « mécréants ». Il se fait filmer et n’hésite pas à diffuser ses vidéos sur Internet pour louer ses prouesses d’égorgeur. Ainsi, dans une vidéo qui a bouleversé des millions de musulmans à travers le monde, on voit cet Algérien trancher la gorge à un autre musulman parce qu’il n’aurait pas su comment bien prononcer Ach-Chahada, l’attestation ou déclaration de foi dans la religion musulmane. La séquence, choquante par sa violence inouïe, a fait le tour du monde et YouTube a été amené par la suite à la retirer. Remise en ligne le 5 août dernier, cette vidéo a refait surface et suscite encore une vive indignation.
Mieux, elle a attiré la lumière sur ce terroriste algérien dont les agissements sont considérés comme dangereux, y compris par ses proches et ex-voisins. Algérie-Focus a pu remonter jusqu’à l’entourage de ce djihadiste algérien né et originaire des Eucalyptus, dans les quartiers est d’Alger. C’est dans cette banlieue précaire et marginalisée par les autorités publiques que ce terroriste âgé d’une trentaine d’années a grandi. Sa famille vit dans le dénouement le plus total. Ses trois frères sont tous au chômage. Seule l’une de ses trois sœurs travaille, les trois autres sont mariées. Quant à son père, originaire de Berhoum dans la wilaya de M’sila, il a toujours occupé des emplois précaires. En ce moment, il nourrit sa famille en travaillant comme « taxieur clandestin ». Quant à sa mère, elle est considérée dans son quartier, la cité CNEP des Eucalyptus, comme une « sorcière » ! Toute son enfance, Mohamed a entendu ce quolibet et à dû essuyer des propos méprisants.
Un vécu personnel fait de privation, de frustration et d’une succession d’injustices sociales. Au début des années 2000, après avoir fréquenté pendant longtemps la Mosquée El-Islah, située en face du lieu-dit « château rouge » aux Eucalyptus, une mosquée salafiste fréquentée par les plus durs des idéologues salafistes depuis des années, Mohamed Derri cède à la tentation salafiste et adhère à sa tendance djihadiste. Aujourd’hui encore, chaque mardi des centaines de salafistes se donnent rendez-vous dans cette mosquée pour faire des « halaqates » et endoctriner les plus jeunes.
C’est dans ce terreau extrémiste que Mohamed Derri a commencé à embrigader des jeunes algériens en rupture avec la société, pour les envoyer en Syrie afin de s’engager dans « la guerre Sainte ». Mais sa propagande a vite attiré l’attention des services de sécurité. Ces derniers tentent de procéder à son arrestation en 2013. Mais ils débarquent en retard chez lui car le terroriste algérien a réussi à prendre la fuite pour rejoindre définitivement la Syrie. Là-bas, il se marie avec une syrienne. Mais divorce rapidement. La guerre civile qui s’installe en Syrie lui permet de jouer un rôle prépondérant dans les rangs de Daech, l’armée avec laquelle il part à la conquête de l’Irak. Une fois l’Etat Islamique installé, le salafiste algérien retrouve une aura et une influence inespérées. Aujourd’hui, il exécute des mécréants et égorge « les ennemis d’Allah ». Dans son quartier des Eucalyptus, personne ne comprend encore comment l’ancien voisin, qui s’adonnait à la Rokia (exorcisme) pendant quelques années pour gagner sa vie, est devenue un dangereux terroriste. Des Eucalyptus aux échafauds de Daech en Irak, l’inquiétant parcours de ce terroriste algérien pourrait inspirer de nombreux jeunes marginalisés et rejetés par une société de plus en plus inégalitaire. La vigilance est donc de mise et nos autorités sont appelées à tendre une main généreuse pour éviter à nos enfants égarés d’emprunter les voix diaboliques du terrorisme djihadiste. Car combien de Mohamed Derri l’Algérie peut-elle encore enfanter ?
La Rédaction d’Algérie-Focus a décidé de ne pas publier sur son site la vidéo dans laquelle on voit Derri Mohamed égorger un homme, afin de ne pas participer à la promotion de cette propagande violente du salafisme djihadiste. Ceci dit, nous renvoyons nos lecteurs vers ce lien pour qu’ils puissent découvrir eux-mêmes la scène s’ils le souhaitent. Nous pensons qu’il est important de se rendre compte de tout le danger qu’incarnent ces actes terroristes, réprouvés par la morale et les valeurs de l’Islam. Chacun pourra ainsi se faire sa propre opinion.