Vidéo. Quand la politique instrumentalise la religion en Algérie

Redaction

La multiplication des rites et courants religieux dans une société est révélatrice d’une situation de crise. C’est du moins ce que pense le sociologue et anthropologue Ahmed Benaoum.

Ce phénomène, a-t-il précisé sur le plateau de la chaîne KBC TV, atteint son paroxysme durant les périodes de transition. « Durant les périodes de transition, ce phénomène se cristallise par des manifestations de violence », a souligné ce professeur émérite, avant d’ajouter «l’exemple de notre pays au début des années 1990».

M. Benaoum estime en effet qu’il y a une instrumentalisation de la religion à des fins politiques. « C’est toujours le politique qui instrumentalise le religieux. Ce n’est jamais l’inverse », a-t-il affirmé. Pour étayer son propos, il cite l’exemple de l’ex-FIS dissous. « Ali Benhadj et Abassi Madani étaient des politiques et non pas des hommes de religion. Ils ont d’ailleurs créé leur parti politique », rappelle-t-il. Pour sa part, le chercheur en soufisme Saïd Djamelkhir, estime qu’il y a une rivalité historique entre l’Islam populaire ou des confréries et l’Islam scientifique ou officiel. « Cette rivalité dans notre pays remonte au début des années 1920, avec l’apparition du courant des Oulémas, qui activaient avant même la création de leur association. Et les régimes en place favorisent toujours l’Islam officiel, celui des érudits », a-t-il soutenu.

Selon lui, les érudits ont toujours été « l’allié objectif et organique du régime ». Cette alliance s’est, d’après M. Djabelkhir, renforcée depuis l’indépendance. « Depuis 1962 à ce jour, le régime algérien a dédouané et réhabilité les Oulémas en occultant même leur position vis-à-vis de la guerre de libération », a-t-il expliqué tout en estimant que cela s’est fait au détriment « des confréries qui étaient pourtant majoritaires dans notre pays ». Ces dernières, affirme le chercheur, prônent un Islam populaire « tolérant ». Quoique M. Benoum conteste le concept d’ « Islam populaire, étant une création coloniale française », les deux invités de l’émission « Critica » se rejoignent sur l’idée que « l’Islam est unique dans le texte, c’est-à-dire le paradigme sacré ou le coran, mais multiples dans la pratique et l’interprétation». Et, plaident-ils, « tout le monde a le droit d’interpréter le texte sacré et pratiquer l’islam comme il l’entend ».