Intellectuels, habitants de la région ou simples citoyens, touchés par les évènements à Ghardaïa, ils sont nombreux à se mobiliser ces derniers jours pour appeler à la paix dans la vallée du M’zab. Au même moment, nous apprenons l’arrestation des auteurs des crimes qui ont tué trois personnes au cours des échauffourées.
Les initiatives citoyennes se multiplient à Ghardaïa pour mettre fin aux échauffourées dans la ville. Plus de 200 personnes habitants ont couru ce samedi pour « la fraternité et la concorde entre les habitants du M’zab ». 10 km de course, entre l’Oasis d’el Ateuf et le centre ville de Ghardaïa, organisée par la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et la direction de la jeunesse et des sports de Ghardaïa (DJS) afin de rétablir la cohésion sociale dans la région, frappée par un cycle de violence inter-communautaire depuis plusieurs mois. Cette manifestation véhicule « une symbolique modeste et concrète pour la réconciliation et la concorde entre les jeunes de Ghardaïa », a déclaré un membre organisateur de la DJS. « Cette course vise à rapprocher les gens pour mieux se comprendre, mieux se connaître et intensifier la cohésion sociale dans cette ville », a-t-il ajouté.
Pétition
Cette initiative fait suite à plusieurs appels lancés pour le rétablissement de la paix dans la région de Ghardaïa ces derniers jours. Ainsi, quelques jours après l’annonce d’un quatrième mort dans la région, des Algériens ont diffusé une pétition « pour la paix et la concorde au M’Zab ». Parmi les premiers signataires, Ahmed Taleb Ibrahimi, le Dr. Messaoud Aît Châalal, l’ancien premier ministre Belaïd Abdesselam ou encore Abderrahman Hadj Nacer, l’ancien gouverneur de la banque d’Algérie, qui est originaire de cette région. La pétition, relayée sur Internet le 8 février dernier, ne suscite pour l’instant que beaucoup d’intérêt. Moins de deux cent personnes l’ont pour le moment signé. « Les graves incidents qui secouent d’une façon récurrente la région du M’Zab, suscitent les plus vives inquiétudes chez tous les citoyens de notre pays, attachés profondément à l’unité nationale et à la paix civile », affirment les signataires.
Ces derniers ont une idée bien précise de l’identité des fauteurs de trouble à Ghardaïa. « A l’origine de ces incidents, il y a sans aucun doute des intrigues et des manœuvres de mains criminelles, de mafieux et de truands qui sèment la discorde et le désordre, si favorables à toutes sortes d’intérêts contraires au bien public […] Sinon, comment peut-on expliquer un conflit fratricide qui oppose aujourd’hui deux communautés qui ont vécu pendant des siècles dans la fraternité et la concorde ? », s’interrogent-ils. Pour les signataires, « il est enfin primordial que les pouvoirs publics qui ont la plus haute responsabilité du maintien de l’ordre, usent avec impartialité et une sévérité extrême, de tous les pouvoirs que leur confère la loi, pour mettre hors d’état de nuire, les réseaux prédateurs mafieux, ainsi que tous les fauteurs de troubles sans aucune discrimination ».
Ces initiatives citoyennes interviennent alors que l’enquête policière sur le meurtre de quatre personnes au cours des violents affrontements livre ses première conclusions. Samedi, les enquêteurs judiciaires ont indiqué avoir identifié les auteurs des homicides volontaires commis à l’encontre de trois citoyens durant les échauffourées survenues récemment à Ghardaïa, dans un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN).
Arrestations
Le premier crime, survenu le 19 janvier 2014, a été commis suite une rixe qui a éclaté entre les jeunes du quartier Chabet Nichane à Ghardaïa, faisant nombre de blessés dont un jeune âgé de 36 ans répondant aux initiales de « H.S-K. » qui a succombé à ses blessures cinq jours plus tard.
Les investigations ont permis d’identifier et d’arrêter les auteurs de cet homicide. Il s’agit de deux individus répondant aux initiales de « H-A. » et « B.M-H. ». Ces deux présumés coupables ont été déférés le 26 janvier devant le Procureur de la République territorialement compétent qui a décidé de leur comparution devant le juge d’instruction près la même juridiction. Ce dernier les a placés en détention préventive pour homicide volontaire avec préméditation.
Le deuxième crime, enregistré le 5 février, a coûté la vie au jeune « B.I-A. », âgé de 23 ans suite à une rixe entre jeunes du quartier Mermad à Ghardaïa. Après identification des auteurs, les policiers ont arrêté cinq individus répondant aux initiales de « B-A. », « S.H-B. », « S.M-H. », « B-N.D. » et « S-R. ». Présentés mardi dernier devant le Procureur de la République, ils se trouvent actuellement en détention préventive pour homicide volontaire avec préméditation.
Quant au troisième crime, il a été commis le 6 février à l’encontre du jeune « B. B. » âgé de 38 ans, décédé des suites de ses blessures dans une rixe entre les jeunes du quartier Mermad. Quatre individus, répondant aux initiales de « B-A. » et « M-Y. », « B.H-A et « B.K-A », sont les principaux suspects. Déférés mardi devant le Procureur de la République, ils se trouvent pour l’heure en détention préventive pour homicide volontaire avec préméditation.
Elyas Nour avec APS