Face au terrorisme, la dictature et le fondamentalisme qui ravagent le monde arabe, l’écrivain algérien Yasmina Khadra appelle tous les citoyens à assumer leur responsabilité. « Nous sommes tous coupables du malheur qui nous frappe », dit-il dans une tribune publiée récemment par le quotidien français Libération.
« Le monde amorce une dérive sans précédent, et nous sommes là, à chercher un coupable pour nous voiler la face. Or, nous sommes tous coupables du malheur qui nous frappe, coupables d’avoir confié notre destin à des décideurs indécis, coupables d’avoir renoncé à nos responsabilités citoyennes, coupables d’avoir ramené nos voix à un vulgaire bulletin de vote, persuadés ainsi d’avoir tout dit. Pourtant, il est des choses qu’on ne dira jamais assez : «Ça suffit !» », explique dans son texte très engagé qui n’a pas manqué de susciter de nombreux commentaires.
« Le monde arabe se décompose, mais la gangrène ne reconnaît pas les frontières », prévient-il encore pour dire que les occidentaux ne sont pas à l’abri des malheurs de cette région du monde. « Que dire des lendemains lorsque les nuits s’engrossent de drames pour que chaque matin accouche d’une nouvelle tragédie ? Que dire du vivre ensemble lorsqu’en Amérique, les masses populaires s’enthousiasment pour une énormité foraine qui a su faire de l’inélégance un art et de la diatribe une prophétie ? Que dire de l’Humanité, lorsque les pollueurs impénitents s’érigent en sauveurs de la planète, lorsque le libre arbitre se dilue dans le formatage des esprits, lorsque la Pensée tire sa révérence devant le show des carnavaliers ? On dit, silence, ça tourne », regrette en dernier lieu l’écrivain algérien auteur de nombreux best-sellers dans le monde entier.