Bilan de quatre années de l’Accord pour une zone de lire échange : réunion entre l’Algérie et la Commission Economique Européenne à Luxembourg (juin 2009)

Redaction

1- L’Algérie est liée par un Accord à l’Europe pour une zone de libre échange applicable depuis le 01 septembre 2005. Or je précise qu’aucun pays n’a obligé l’Algérie à signer cet Accord, comme personne ne l’oblige à adhérer à l’OMC, Accord signé en toute souveraineté par le gouvernement et ayant des implications fondamentales. Deux exemples avec des impacts stratégiques sur toute la future politique socio-économique 2009/2014 : premièrement, les produits industriels subiront progressivement un dégrèvement tarifaire allant vers zéro (O) horizon 2014 ; deuxième, exemple dont j’avais mis en garde le gouvernement algérien depuis plus de trois années : avant de se lancer dans des unités pétrochimiques ou unités fonctionnant au gaz destinées à l’exportation, nécessitant des dizaines de milliards de dollars d’investissement sur fonds publics , si l’on veut éviter des problèmes avec les structures européennes et américaines à la concurrence qui peuvent interdire l’entrée de ces produits au sein de leur espace, ,(le marché local étant marginal) , résoudre le problème de la dualité du prix du gaz,et d’une manière générale les subventions et la qualité , l’argument du Ministère de l‘Energie postulant la couverture des frais du gaz plus un profit moyen n’ayant pas convaincu nos partenaires.

Aussi, outre le fait qu’il faille corriger le volume des exportations algériennes vers l’Europe en incluant les exportations de gaz,notamment à travers les réseaux Medgaz( via Espagne) et Galsi( via Italie), il s’agit d’établir des vérités même si elles sont amères à dire, personne ne pouvant se targuer d’être plus nationaliste qu’un autre.

La facilité et la fuite en avant est de vouloir imputer les causes du blocage seulement à l’extérieur ( ce discours anti-impérialiste chauviniste pour faire oublier les problèmes intérieurs , ce chat noir dans un tunnel sombre que l’on ne voit jamais) alors que le mal essentiel est en nous. L’extérieur est-il responsable de la montée en puissance de la bureaucratie destructrice et de la corruption dominante ; l’extérieur est-il responsable de notre mauvaise gestion et du gaspillage de nos ressources. Enfin l’extérieur peut-il engager à notre place les réformes structurelles dont l’Etat de droit et l’économie de marché concurrentielle, afin d’asseoir une production hors hydrocarbures, assistant à un pas en avant et deux en arrière dans les réformes

2- Les inquiétudes étant légitimes car les baisses tarifaires sont un man que à gagner variant entre 1,1 et 1,5 milliard de dollar annuellement. Mais invoquer la situation mono exportatrice de l’Algérie, ne tient pas la route, la majorité des pays de l’OPEP étant membres de l’OMC dont le dernier en date étant l’Arabie Saoudite. Aussi, il n’y aura de spécificité pour l’Algérie et selon nos informations auprès de la CEE pas de renégociations des clauses fondamentales avec l’Europe, ni de spécificité également pour l’adhésion à l’OMC, peut être, une prolongation de délais selon le même Accord contrairement à ce qui a été avancé par certains officiels algériens.

Car tout entrepreneur qu’il soit algérien ou étranger étant mu par la logique du profit, il n’y a pas de nationalisme dans la pratique des affaires, ne devant pas confondre retour à l’étatisme des années 1970 suicidaire pour le pays, et renforcement nécessaire de l’Etat régulateur indispensable en économie de marché, comme le démontre la crise économique mondiale actuelle avec la dominance de la sphère financière sur la sphère réelle. Aussi, après analyse je pense fermement que pour bénéficier des effets positifs de l’Accord avec l’Europe que d’une éventuelle adhésion à l’OMC,( sinon les effets pervers l’emporteront) qu’il faille faire d’abord le ménage au sein de l’économie algérienne et que ce sont les freins à la réforme globale du fait de déplacements des segments de pouvoir ( les gagnants de demain n’étant pas ceux d’aujourd’hui) qui explique le dépérissement du tissu productif .

Toute analyse opérationnelle devra relier l’avancée ou le frein aux réformes en analysant les stratégies des différentes forces sociales en présence, la politique gouvernementale se trouvant ballottée entre deux forces sociales antagoniques, la logique rentière épaulé par les tenants de l’import (13.000 mais en réalité seulement 100 contrôlant plus de 80% du total) et de la sphère informelle malheureusement dominante et la logique entrepreneuriale minoritaire. Cela explique que l’Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986, ni économie de marché, ni économie administrée, expliquant les difficultés de la régulation, l’avancée des réformes étant inversement proportionnelle au cours du pétrole et du cours du dollar, les réformes depuis 1986 étant bloquées ou timidement faites avec incohérence lorsque que le cours s’élève. Cela explique également que malgré des assainissements répétées des entreprises publiques ( plus de 40 milliards de dollars entre 1991/2008) , des dévaluations successives, il a été impossible de dynamiser les exportations hors hydrocarbures (2% du total), certes 50% dans le produit intérieur brut 2007/2008 mais sur ces 50% plus de 80% étant eux même tirés par la dépense publique via les hydrocarbures ce qui donne aux entreprises créatrices de richesses publiques ou privées ( souvent endettées vis à des banques publiques) une part négligeable, le blocage étant d’ordre systémique. La baisse de la salarisation depuis plus de deux décennies au profit des emplois rentes traduit la prédominance de l’économie rentière et la faiblesse de la dynamique de l’entreprise créatrice de valeur ajoutée. Les infrastructures n’étant qu’un moyen, l’expérience récente malheureuse de l’Espagne du fait de la crise actuelle, avec l’effritement de son économie (taux de chômage prévue en 2010 plus de 20%) qui a misé sur ce segment doit être méditée attentivement par les autorités algériennes.-

3-La mise en place de mécanismes transparents dans la gestion des affaires, l’implication de l’ensemble des segments pour une société plus participative et citoyenne , la valorisation du savoir, base d’une bonne gouvernance sont les conditions fondamentales pour d’éviter que la puissance publique soit utilisé à des fins d’enrichissement privés. Cela passe par l’intégration de la sphère informelle dominante en Algérie (contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation) produit du système bureaucratique qui tire sa puissance de l’existence et de l’extension de cette sphère.

L’Algérie doit créer des conditions favorables au développement en levant les contraintes d‘environnement, dont la lute efficace contre le terrorisme bureaucratique pouvoir numéro un en Algérie, favoriser un marché foncier libre avec toutes les utilités afin de renverser l’évolution négative du secteur industriel et de diversifier l’économie. En parallèle, le secteur financier est toujours sclérosé (guichets administratifs), doit être modernisé et davantage ouvert au capital privé où l’Algérie s’est engagée dans cet Accord à favoriser la liberté des mouvements de capitaux. Là aussi, les banques publiques lieu de la redistribution de la rente, explique le frein à la libéralisation maîtrisée.

En résumé, pour sauvegarder les intérêts supérieurs de l’Algérie, et donc les générations futures,( la population algérienne estimée à plus de 35 millions en mai 2009, sera dans 20 ans à plus de 50 millions au moment où il y aura progressivement épuisement des recettes d’hydrocarbures) , qui a toutes les potentialité pour devenir un pays pivot au niveau de la région, cette adhésion ,comme celle à l’OMC, sous réserve d’un partenariat équilibré en vue d’un co-développement. Car notre place naturelle est dans l’espace euro méditerranéen, tout en n’oubliant pas le continent Afrique, d’où l’importance stratégique de l’intégration magrébine sous segment de cet espace, étant suicidaire pour chaque pays du Maghreb de faire cavalier seul .

Docteur Abderrahmane MEBTOUL pour algerie-focus.com

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