Le comportement « honteux et immoral » des joueurs du Mouloudia suscite un tollé en Algérie

Redaction

Les joueurs du MC Alger ont refusé, mercredi, à l’occasion de la finale de la Coupe d’Algérie, de se présenter à la cérémonie de remise des médailles. C’est le Premier ministre, Abdelmalek Sella, en présence de plusieurs autres officiels, qui a remis le trophée aux Usmistes, vainqueurs de la rencontre (1 – 0).

Le comportement des Mouloudéens a suscité un véritable tollé en Algérie et a fait réagir beaucoup de monde, à commencer par les autorités footballistiques. A cet effet, jeudi, la Ligue de football professionnel (LFP) vient de rendre public un communiqué dans lequel elle informe que trois dirigeants du club, en l’occurrence Kamel Amrouche, président du Conseil d’Administration du MCA et cadre de la Sonatrach, Omar Ghrib, président de la section de Football et Djamel Menad, entraîneur du Mouloudia,  ont été convoqués pour être auditionnés le 6 mai, devant la Commission de discipline.

Si le premier responsable du club, Amrouche, puisqu’il est président du Conseil de la SPA (Société par actions) MCA, a indiqué que ce sont les joueurs qui ont refusé d’assister à la cérémonie, plusieurs autres témoignages recueillis à la fin du match affirment que c’est Omar Ghrib qui avait demandé aux joueurs de bouder la cérémonie et de rentrer aux vestiaires. C’est la première fois dans l’histoire du football national qu’un club refuse de prendre part à l’habituelle cérémonie de remise des médailles. Et le hasard a voulu que ce soit ce même Ghrib qui, en 2010, avait écopé d’une suspension de deux années, se retrouve au centre de ce scandale. Pis encore, même le Ministre de la jeunesse et des sports, Mohamed Tahmi, s’est déplacé, lui-même, aux vestiaires du MCA, probablement pour les «prier» de se présenter à la cérémonie. Mais les joueurs et le staff technique du Mouloudia n’ont guère daigné répondre favorablement aux sollicitations du ministre.

Et pendant ce temps là, le Premier ministre et tous les autres invités attendaient dans la tribune officielle, sous les regards perplexes des milliers de supporters présents dans les tribunes du stade. Un manque de respect et une absence de considération sans pareille. Le code disciplinaire de la FAF (Fédération algérienne de football), comme le règlement de la Coupe d’Algérie, ne prévoit pas explicitement ce cas de figure. En revanche, les articles 20 et 21 de la réglementation en vigueur prévoient une suspension de deux années de cette compétition, en plus d’une défalcation de trois points en championnat, si jamais un club abandonne ou ne se présente pas à un match.

L’article 123 du code disciplinaire de la FAF évoquant des «cas non prévus par le code» renvoie aux textes de la CAF (confédération africaine) ou de la Fédération internationale de Football (FIFA). L’instance africaine, dans ses règlements des compétitions interclubs, parle d’amende de 5000 dollars. En d’autres termes, cette affaire va être traitée sans référant réglementaire. C’est aux membres de la Commission de discipline de prendre la décision adéquate. Selon des sources proches du ministère des Sports, le MCA pourrait écoper d’une suspension de deux années de la Coupe d’Algérie. Mais l’enjeu maintenant concerne Omar Ghrib. Les autorités footballistiques vont-elles désormais sévir contre le patron controversé du MCA ? Il est à rappeler que la Commission de discipline de la LFP avait suspendu Ghrib, en 2010, pour deux années et  pour «avoir attenté par ses déclarations à la considération de la FAF». Une suspension restée sans suite puisque le responsable mouloudéen était toujours présent aux stades. En tous cas, c’est la «mollesse» des autorités sportives qui a permis à ce personnage d’agir de la sorte.

L’année dernière, l’assemblée générale du MCA a élu Amar Brahmia à sa tête. Ghrib n’a pas reconnu cette élection et a organisé une autre AG. La DJS (direction de la jeunesse et des sports) de la wilaya d’Alger a tranché en faveur de Brahmia. Ghrib critique fortement les responsables de la wilaya et refuse d’obtempérer. Une «confusion» qui n’a pas empêché la compagnie pétrolière Sonatrach de négocier avec Ghrib afin d’acheter les actions du club, alors que celui-ci n’est même pas président du Conseil d’administration puisque c’est Abdelkader Bouhraoua qui détenait le poste. L’opération de rachat étant faite, la Sonatrach nomme un de ses cadres à la tête du Conseil. Il s’agit de Kamel Amrouche. Mais c’est, pourtant, Omar Ghrib, qui n’a aucune fonction officielle dans le nouvel organigramme, qui continue à s’exprimer au nom du club !

En tous cas, cette fois, les comportements de Ghrib, dénoncés même par les supporters du club, mais aussi par le Président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, lequel a qualifié l’attitude du MCA de « honteuse et immorale », ne seront sûrement pas sans conséquences. Sinon, il faudrait penser que certains dirigeants de club sont plus puissants que des membres du gouvernement, pour ne pas dire le Premier ministre lui-même.

Elyas Nour