Sur les ruines d’Oran, les milliards du GNL 16

Redaction

Depuis le début de l’année et conséquence des fortes précipitations qui se sont abattues sur la capitale de l’Ouest, ce sont plus de 20 familles qui, du jour au lendemain, se sont retrouvées à la rue suite aux effondrements partiels survenus dans les immeubles qu’elles occupaient, les infiltrations d’eaux ayant étaient fatales à ces bâtiments anciens et dégradés.

Cette situation de délabrement avancée du patrimoine immobilier de la ville d’Oran n’est pas récente. Elle est la résultante de l’absence totale de politique de prise en charge du « vieux bâtis » depuis plusieurs décennies, notamment dans les quartiers historiques de la ville comme Sid El Houari, le quartier St Antoine, El Derb, l’ancien quartier Juif etc. Les statistiques des autorités locales évoquent l’existence de plus de 2 000 immeubles menaçant ruine et représentant un danger pour leurs occupants. D’ailleurs, chaque année, les morts tragiques de personnes ensevelies sous les décombres de leurs bâtisses effondrées, meublent les faits divers locaux.

Les rassemblements de familles, vite réprimés, revendiquant un relogement décent sont tout aussi nombreux. C’est pour cela que pour beaucoup d’Oranais les préparatifs de la 16ème Conférence internationale du gaz naturel liquéfié ( LNG 16 ) qui se tiendra du 18 au 21 Avril dans la capitale de l’Ouest, sont plus que mal perçus, surtout pour ceux qui n’auront pas la chance de se trouver sur le tracé des délégations du LNG 16 .

Et pour cause, la SONATRACH qui vit depuis quelques semaines au rythme des révélations sur la corruption de ses cadres dirigeants impliquant également leurs progénitures, a déjà déboursé plus de 600 millions de dollars pour faire subir au pas de charge un relookage grandeur nature à la ville d’ORAN. Depuis un peu plus d’un an les milliards de la compagnie pétrolière pleuvent sur la ville et alimentent les très nombreux marchés octroyés dans le cadre des préparatifs de cette conférence.

Les coûts des travaux lancés sont astronomiques : 409 millions d’ euros pour la réalisation d’un grand centre des conventions de 3 000 places et l’extension de l’aéroport d’ Es-Sénia sous forme d’un chapiteau, la location de deux car-ferry, 3 millions d’euros pour une semaine et peut être bientôt d’un troisième pour l’hébergement des délégations etc. Tout cela sans compter les 40 millions de D.A pour l’embellissement des principales artères et carrefours d’Oran. La liste de ces marchés octroyés par la wilaya est encore plus longue : bitumage de plusieurs kilomètres de réseau routier, réfection des trottoirs, électrification, jeux de lumière pour illuminer les sites historiques, reboisement, façades d’immeubles restaurés,…

Mais depuis le scandale Sonatrach, les pouvoirs locaux sont très réticents à communiquer sur les coûts exacts de la passation de ces marchés, d’autant plus que les enquêteurs pourraient lorgner justement sur les dessous des préparatifs de ce LNG 16 .

Pendant ce temps, toute une partie de la population est livrée à elle-même dans la précarité et l’incertitude. Des familles vivent sous des tentes et des abris de fortunes et cela juste proximité -mais caché aux regards des visiteurs- des grands et beaux boulevards d’Oran .

MOULAY F

Quitter la version mobile