Tebboune Prête Serment et Annonce un Second Mandat Axé sur le Dialogue et la Relance Économique

Redaction

Tebboune Prête Serment et Annonce un Second Mandat Axé sur le Dialogue et la Relance Économique

Le 17 septembre 2024, Abdelmadjid Tebboune a officiellement entamé son second mandat à la tête de l’Algérie après avoir prêté serment lors d’une cérémonie au Palais des Nations à Alger. Élu avec 84,30 % des suffrages lors de l’élection présidentielle du 7 septembre, Tebboune a immédiatement placé son mandat sous le signe du dialogue politique et de la relance économique, deux axes qu’il entend approfondir pour mener le pays vers une Algérie triomphante, slogan central de sa campagne électorale.

Un Scrutin Marqué par une Large Victoire

Abdelmadjid Tebboune a remporté une victoire écrasante, surpassant ses deux rivaux, Abdelali Hassani Chérif, du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), et Youcef Aouchiche, du Front des Forces Socialistes (FFS), qui ont respectivement obtenu 9,57 % et 6,14 % des voix. Ce scrutin présidentiel a été marqué par un taux de participation de 46,1 %, un chiffre modéré mais qui témoigne d’une certaine mobilisation malgré un contexte économique et social difficile.

Les résultats du scrutin avaient été validés quelques jours plus tôt par la Cour constitutionnelle, marquant ainsi la fin d’une période de tension électorale qui avait vu deux recours déposés par les candidats Hassani Chérif et Aouchiche. Ces recours, bien qu’acceptés sur la forme, n’ont pas remis en cause la victoire de Tebboune.

Le Début d’un Nouveau Mandat sous le Signe du Dialogue

Lors de son discours d’investiture, Tebboune a insisté sur la nécessité d’engager un dialogue ouvert avec les forces politiques et économiques du pays. Il a annoncé une série de consultations pour ce second mandat, visant à instaurer une véritable démocratie en Algérie, une promesse qui résonne particulièrement dans un pays où la méfiance vis-à-vis des institutions est encore très présente.

Tebboune a également souligné l’importance d’une initiative politique pour rassembler les forces vives du pays, en réponse aux critiques de ses opposants qui dénonçaient un manque de dialogue lors de son premier mandat. « Nous entamerons des consultations avec toutes les forces politiques et économiques pour asseoir une démocratie véritable et un développement durable », a déclaré Tebboune lors de son discours. Cette ouverture marque une volonté de pacifier les tensions internes, notamment dans un contexte où la scène politique est fragmentée et où l’opposition, bien que marginalisée, continue de jouer un rôle important.

Des Annonces Sociales et Économiques Ambitieuses

Abdelmadjid Tebboune a également fait part de son agenda économique, qui s’inscrit dans la continuité des réformes amorcées durant son premier mandat. Il a rappelé les succès économiques de ses cinq premières années, notamment avec un taux de croissance de 4,1 % et un PIB de 280 milliards de dollars. Le président a souligné la montée en puissance des exportations hors hydrocarbures, qui ont été un axe prioritaire de sa politique économique.

Tebboune a affirmé vouloir maintenir ce cap et a fixé de nouveaux objectifs ambitieux pour les cinq années à venir. Parmi ceux-ci figurent :

  • Un taux de croissance de 4 %,
  • Un PIB de 400 milliards de dollars d’ici à la fin de son mandat,
  • 15 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2026,
  • 20 000 startups et 20 000 nouveaux projets d’investissement,
  • 450 000 nouveaux postes d’emploi pour les jeunes,
  • La construction de 2 millions de logements sur cette période.

Ces objectifs sont clairs : ils visent à diversifier l’économie algérienne et à offrir davantage de perspectives aux jeunes en matière d’emploi, tout en réduisant la dépendance du pays aux revenus des hydrocarbures, longtemps considérés comme un pilier économique, mais aussi comme une source de vulnérabilité.

Autosuffisance Alimentaire et Projets d’Infrastructure

L’un des grands chantiers annoncés par Tebboune concerne l’agriculture. Le président a promis de faire de l’Algérie un pays autosuffisant en blé dur d’ici 2025, en orge et en maïs une année plus tard. Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus vaste de renforcement de la sécurité alimentaire du pays, une question cruciale dans un monde où les aléas climatiques et les crises géopolitiques ont souvent des conséquences désastreuses sur les chaînes d’approvisionnement.

Tebboune a également mis en avant des projets d’infrastructure ambitieux, notamment dans le secteur des transports et de l’approvisionnement en eau. Il a annoncé la réception de cinq stations de dessalement d’ici la fin de l’année 2024, ce qui permettra d’améliorer l’accès à l’eau potable, particulièrement dans les zones arides du pays. Dans le domaine des transports, il a réitéré son engagement à prolonger le réseau ferroviaire vers le sud du pays, afin de désenclaver certaines régions et de favoriser leur développement économique.

Un Focus sur les Mesures Sociales

Sur le plan social, Tebboune a promis de relever l’aide au logement rural dans les zones reculées du pays, notamment dans le sud et les zones montagneuses, en portant cette aide à 1 million de dinars (environ 7 000 dollars). Cette mesure, ainsi que le développement de l’accès aux services publics dans ces zones, fait partie de la volonté de Tebboune de fermer définitivement le dossier des zones d’ombre avant la fin de la première année de son second mandat.

Concernant le pouvoir d’achat, le président a réitéré son engagement à protéger les citoyens contre les effets de l’inflation. Il a annoncé des mesures pour maîtriser les prix, lutter contre la spéculation et continuer à augmenter les salaires et les pensions. Selon lui, l’augmentation totale des salaires atteindra 100 % avant la fin de ce mandat, une promesse ambitieuse qui vise à répondre aux revendications sociales croissantes, dans un contexte où le coût de la vie s’est considérablement alourdi ces dernières années.

Des Défis Économiques et Politiques

Cependant, ces annonces ne doivent pas faire oublier les défis auxquels Tebboune fait face. Le président commence ce second mandat dans un contexte économique mondial instable, marqué par des tensions géopolitiques et des perturbations économiques globales. La baisse des prix du pétrole, la montée des défis climatiques, et les réformes sociales complexes qu’il doit encore mettre en œuvre représentent autant de défis à relever.

Sur le plan intérieur, malgré sa large victoire, Tebboune devra faire face à des fractures politiques et à une opposition qui, bien que minoritaire, pourrait chercher à mobiliser le mécontentement populaire. Les promesses de dialogue politique devront être suivies d’actes concrets pour espérer apaiser les tensions qui subsistent.

Un Discours sur l’État de la Nation

Pour la première fois, Abdelmadjid Tebboune a également institué la tradition du discours sur l’état de la nation, une pratique qui permet de faire un bilan annuel des progrès réalisés et des défis à venir. Le premier de ces discours aura lieu en décembre 2023, devant les deux chambres du Parlement, réunies en congrès. Il s’agit là d’une démarche inédite dans la politique algérienne contemporaine, qui pourrait contribuer à renforcer la transparence et à accroître la responsabilité gouvernementale.

Conclusion : Un Mandat Porté par l’Espoir et les Défis

En prêtant serment pour un second mandat, Abdelmadjid Tebboune se fixe des objectifs ambitieux, tant sur le plan économique que social. Sa promesse de dialogue ouvert avec toutes les forces vives de la nation laisse entrevoir une volonté de rassembler, de construire une Algérie nouvelle basée sur la démocratie et la prospérité économique. Cependant, les défis qui se dressent sur sa route sont nombreux, et les attentes de la population, en particulier des jeunes, sont élevées.

Si Tebboune parvient à tenir ses promesses et à surmonter les obstacles, il pourrait bien réussir à transformer son projet de l’Algérie triomphante en réalité. Le pays, sous sa direction, pourrait alors entamer une nouvelle ère de développement et de stabilité, tant attendue par les Algériens. Mais la route vers cette prospérité reste longue et semée d’embûches, et seul l’avenir dira si les réformes annoncées aujourd’hui seront suivies d’effets concrets.