Alger va censurer internet ?

Redaction

c Comment protéger les jeunes algériens des sites pornographiques sur le réseau internet ? Telle est la question orale posée par un député de l’assemblée populaire nationale au ministre des postes et technologies de l’information et de la communication M. Bessalah.

La protection des enfants contre les sites pédo-pornographiques, de violence, d’incitation à la haine raciale, de terrorisme est certes une préoccupation de tout un chacun, que se soit les États ou les familles, mais la réponse du ministre nous laisse penser que nous nous dirigeons vers une surveillance, un filtrage et voire même une censure de l’internet en Algérie.

La majorité des équipements, terminaux de réception ou modem/routeurs commercialisés de nos jours intègrent un système de contrôle parental qui permet aux parents de filtrer le contenu de certains sites web, d’autoriser et/ou d’interdire la connexion à certaines tranches horaires. Les adultes sont bien évidemment responsables du contenu que leurs enfants visitent et aucun parent n’accepterait de laisser son enfant naviguer et surfer sur les vagues du web qui jetteraient leur mousse dans des endroits virtuels malfamés. Je pense que beaucoup d’entre vous seraient d’accord sur ce point.

Mais M. Bessalah va beaucoup plus loin en annonçant que toutes les données entrantes et sortantes du réseau algérien et venant du réseau mondial transiteront par ce que j’appellerai un goulot d’étranglement, qui nous est décrit comme un portail d’échange de données internet.

C’est comme si l’internet algérien se porte déjà mieux et que les internautes sont satisfaits du débit fourni par les fournisseurs d’accès à internet en Algérie et c’est comme si tout allait bien déjà, les décideurs nous annoncent un autre entonnoir pour faire la queue, pièce d’identité numérique à la main et liste des sites visités en gage de bonne conduite sur internet. Il ne manque que le permis à points virtuel, une fois tous les point épuisés et infractions multipliées, on nous retire le permis d’une liberté éphémère, celle de surfer avec sa planche sur le réseau des réseaux.

Mes propos ne sont pas affirmatifs, puisque comme vous je ne fais qu’interpréter les propos de M. le ministre mais la technique qui sera employée nous prouvera et nous confirmera la vérité de la chose au moment voulu, n’est ce pas ? J’espère que mes inquiétudes se dissiperont si plus d’éclaircissements nous seront communiqués dans les jours à venir.

Cet organisme étatique ou plutôt centre d’échange de données internet sera financé par un fonds d’appropriation des usages et du développement des TIC. Devons-nous comprendre que c’est le contribuable qui va payer ? Que c’est l’internaute qui sera invité à sacrifier un peu de liberté pour sa sécurité ?

Notre ami et blogueur SecDZ, TixxDZ et plein d’autres vous rappellerons certainement une citation d’un certain homme, en l’occurrence Benjamin Franklin :

Those who would sacrifice freedom for temporary security deserve neither.

Ou dans une autre version :

He who would trade liberty for some temporary security, deserves neither liberty nor security.

En français, cela se traduirait par :

Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.

Certes les fournisseurs d’accès à internet à travers le monde et même en France gardent un trace des connexions de utilisateurs, ce sont les fameux fichiers “logs” ou “les historiques de connexion” et les Fournisseurs d’Accès à Internet ont l’injonction de conserver ces données durant une certain temps et les services de la police scientifique ou anti-terroristes peuvent les consulter avec le mandat d’un juge ou d’un procureur surtout s’il s’agit d’un sujet sensible touchant à la sécurité ou à la sureté nationale. Mais de là à créer un goulot d’étranglement pour surveiller le moindre octet entrant et sortant, une espèce de parefeu géant, je crains que ceci n’enfoncera davantage l’état déjà catastrophique du service d’accès à internet dans notre pays et retardera le plan e-Algérie 2013 et privilégiera beaucoup plus l’hypothèse d’une censure du réseau des réseaux.

Entre nous le terrain est déjà propice puisque EEPAD, le seul FAI ADSL privé en Algérie est mort (et celui qui dira le contraire est entrain de “mythomaner“) Algérie Télécom est seul FAI sur la piste, pourra courir à 10Kms/h ou à 100 Kms/h ça ne changera rien. Je crains que la mise à mort lente de l’EEPAD n’est que le signe avant-coureur et un tournant dans l’histoire de l’internet de l’Algérie de 2010.

Les années du vide juridique, le terminal noir de GECOS, Alnet de Wissal (CERIST), Aloline et cybercafés à profusion, je crains que tout ça est un temps révolu et que l’automne 2009 est annonciateur de feuilles mortes. Ce n’est que mon avis ya les jeunes. L’Algérie a connu interne, si ma mémoire est bonne bien avant le Maroc et la Tunisie et de nos jours, nous nous retrouvons à la queue du peloton entrain de pédaler dans le vide !

Il ne faut pas s’étonner que dans les années à venir, des mouvements citoyens apparaîtrons pour clamer un peu plus de liberté sur le réseau algérien car la censure de l’internet a des signes : ce n’est pas la peine que je vous fasse un dessin, n’est ce pas mais je vous citerai quelques exemples :

Dans certains pays que l’on appellent les pays ennemis de l’internet qui sont au nombre de 12 courant 2009, certains fournisseurs d’accès à internet affichent des pages d’erreurs à leurs clients lorsque ceux-ci désirent accéder à tel ou tel site ou utiliser tel ou tel service sur internet. Ces pages d’erreurs imitées annoncent de vrais-faux problèmes techniques sur le réseau, alors qu’en réalité “makan’che menha”, il n’en est point.

D’autres font exprès de ferme le robinet du débit ou déclarent via les médias lourds qu’un certain câble sous-marin a été arraché par l’ancre d’un bateau ou d’un pétrolier, d’autres vont jusqu’à censurer via les DNS etc … vous pouvez continuez le dessin avec votre crayon en suivant les points et vous verrez que la figure finale c’est la fameuse sorcière avec les ciseaux, nommé “censure”.

Donc pour revenir au sujet, je suis pour la protection des enfants des danger de l’internet, responsabiliser les parents, éveiller l’esprit des êtres via les écoles et l’éducation, se doter de moyen pour protéger notre réseau et assurer la sécurité de nos données sensibles mais de là à avoir le fantasme de contrôler tout un chacun, je ne crains que des dérives verraient le jour et un mécontentement se ferait sentir et pesant.

Au moment où je parle, l’Algérie ne fait pas partie de la liste des pays ennemis de l’internet et je ne souhaiterai pas qu’elle le devienne mais si un jour Reporters Sans Frontières citera notre pays dans cette liste, ne me dites pas que je ne vous ai pas avertis.

Pour le moment, je ne connais pas encore les détails du sujet mais dîtes vous que même si censure il y aura, des méthodes de contournement existent toujours. Nous en reparlerons au moment venu, n’est ce pas ?

Pour l’instant restons vigilants, Algérie Télécom n’a pas importé que des équipement et matériel chinois mais elle a importé avec même des ingénieurs chinois qui sont entrain de fermer le réseau … ce n’est pas moi qui le dit, c’est la technique.

ButterflyOfFire

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