En Algérie, les sites web font peur. Ils font tellement peur que les annonceurs hésitent encore à y placer leurs publicités par crainte de représailles de la part des autorités. En effet, selon plusieurs publicitaires réputés en Algérie, l’indépendance et la liberté de ton ainsi que l’esprit critique des sites d’information algériens ne plaisent pas beaucoup aux annonceurs qui jettent souvent leur dévolu sur les médias bichonnés par les autorités en place. Pour preuve, au moment où les recettes du marché publicitaire en Algérie ont atteint l’année dernière 128 millions d’euros, la part réservée aux sites web n’est que de 1%, a révélé Le directeur marketing de Media Algérie, Mophamed Houasse lors des 5es journées euro-maghrébines organisées dimanche à l’hôtel Sofitel à Alger.
Selon cet expert, la part de la télévision dans le marché de la pub est de 48% alors que la presse écrite obtient 24%, suivie des panneaux et affiches publicitaires avec 17%, puis de la radio avec 10%. Au sujet de la modeste participation des sites web dans le marché publicitaires en Algérie, Mohamed Houasse a fait savoir à notre confrère d’El Khabar que cela est lié au fait que les annonceurs pensent que ce nouvel outil médiatique reste peu répandu en Algérie ! Et pourtant, l’Algérie compte prés d’un million d’abonnés ADSL et prés de 6 millions d’internautes sans oublier deux millions d’inscrits sur le réseau social facebook ! Difficile de croire devant ces chiffres que le web n’est pas en expansion en Algérie.
L’argument des annonceurs est donc très peu crédible. Sinon, comment expliquer qu’ils continuent de verser leurs publicités sur l’ENTV au moment où presque aucun Algérien ne regarde cette télévision arriérée et insipide. D’autre part, Houasse a révélé que 85% des recettes publicitaires réservés à la presse écrite sont détenus par 10 journaux sur 80 titres paraissant dans le pays ! Cela prouve encore que l’emprise politique du régime sur la manne publicitaire en Algérie est encore d’actualité. Le régime Algérien arrose selon ses humeurs et ses desiderata ses bons serviteurs dans la sphère médiatique. Et face à cette domination digne d’un régime totalitaire, les sites web indépendants et critiques vis-à-vis des institutions officielles auront plus que jamais du mal à vivre de leur travail….
RAF