Certains titres de la presse algérienne ne manque pas d’humour. Chaque jour, ils nous distillent des informations qui nous laissent pantois. Ainsi, dimanche, le quotidien arabophone Echorouk, l’un des plus grands tirages de la presse algérienne, nous a fait part d’une enquête minutieuse au sujet d’un phénomène paranormal qui fait des ravages près de Khenchela, dans une localité située à l’extrême est de l’Algérie.
En effet, selon Echorouk, dans un village située à quelques encablures de Khirane, une localité de la wilaya de Khenchela, située à 470 Km à l’est d’Alger, des djinns tentent depuis des mois de déloger les habitants de leurs maisons en s’attaquant frontalement à leurs biens et leurs enfants. Une armée de djinns essaient de s’accaparer d’un village, nous apparend Echorouk qui explique la mort d’une fillette de quatre ans, issue de ce village sombre et ténébreux publié par une attaque menée par un djinn. Vendredi dernier, un autre incident s’est déclenché dans une des maisons de ce mystérieux village causant la mort tragique d’un bébé de quatre mois.
Et là encore, Echorouk indique que ce «mystérieux» incendie est le dernier d’une suite d’incidents similaires qui a débuté juste à la fin Ramadhan dernier. A chaque fois, un feu se déclenche dans une maison et ravage des draps ou autres accessoires. Des incendies qui auraient poussé apparemment certains habitants à abandonner leurs maisons. C’est du moins ce que rapporte Echorouk dont l’enquête poussée ne l’a guère amené à interroger des spécialistes sérieux. Aucun responsable de la Protection Civile n’a même pas été interrogé pour comprendre les raisons de ces incidents répétitifs. Le quotidien arabophone s’est juste contenté de «relayer» les «divagations» de certains citoyens, des villageois au niveau d’instruction limité, lesquels ont vite conclu que ces feux ont été déclenchés par des forces surnaturelles, à savoir des djinns. Mais pourquoi ces djinns font-ils tout cela ? Ils en veulent tout bonnement aux habitants du village.
Abandonnés à leur détresse, Echorouk a même offert une tribune à ces pauvres habitants pour qu’ils lancent un appel à tous les «rakis» du pays et autres personnes « qui ont la capacité de contrôler les djinns » pour leur venir en aide. Echorouk, plus de 400 mille exemplaires par jour, verse ainsi dans le sensationnalisme le plus extravagant. Un discours dangereux qui participe à l’abêtissement la population algérienne car au lieu de faire son travail d’information en chercher une explication sensée à un phénomène anodin, Echorouk vulgarise un discours populiste dénué de toute logique et fondé uniquement sur des croyances ancestrales archaïques. Au de lieu d’éclairer l’opinion, certaines publications œuvrent pour maintenir la société dans un invraisemblable état d’aliénation. Demain, au rythme où vont les choses, on nous dira qu’un Djinn devra présider l’Algérie pour remettre le pays sur les rails…
Avec Elyas Nour