C’est devenu une habitude. A chaque diffusion par la télévision algérienne d’une vidéo montrant le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, l’émission de la télévision française Canal+ «Le Petit Journal», la décortique automatiquement.
Cette fois-ci, c’était à l’occasion de l’élection présidentielle du 17 avril, lorsque le Président candidat s’est déplacé jusqu’à l’école Bachir Ibrahimi d’El Biar pour voter. L’animateur de l’émission, Yann Barthès, qui rappelle pour l’occasion que ses journalistes n’ont pas pu avoir de visa pour se rendre en Algérie, passe au peigne fin la vidéo diffusée en direct par l’ENTV. Image par image, il montre un accompagnateur du Président qui lui dit de prendre la carte de vote de sa poche. Il prend, ensuite, les bulletins à sa place et l’accompagne même à l’intérieur de l’isoloir pour voter. «Un futur président qui n’est même pas capable de mettre tout seul un papier dans une enveloppe», commente sur un ton sarcastique Yann Barthès.
Mais, par la suite, l’animateur français signale que l’ENTV, en rediffusant la vidéo, a procédé à un montage qui a exclu toutes les images suggérant que Bouteflika a accédé à l’intérieur de l’isoloir accompagné d’une autre personne. Les images de l’ENTV le montre uniquement à la sortie de l’isoloir en train de sortir l’enveloppe à la main.
https://www.youtube.com/watch?v=CDAfyBns4FE
«Le Petit Journal» conclut que le chef de l’Etat a toujours une mobilité très réduite. Ceci sans oublier, bien évidemment, le fait que le candidat en question ne s’est guère exprimé devant les médias après avoir voté, comme c’est d’usage traditionnellement.
A noter, par ailleurs, que cette émission satirique a pu contourner la non délivrance d’un visa pour l’un de ses journalistes en comptant sur l’envoyé spécial d’I Télé et Canal Plus. C’est dire finalement que ne pas accorder un visa à un journaliste ne peut plus museler un média dans notre époque.
Elyas Nour