«Les gouvernements arabes considèrent que les médias publics sont leur propriété ». Le politologue et ancien militaire, Ahmed Adhimi, a résumé ainsi la position des médias publics, notamment audio-visuels, dans les pays de la région. L’universitaire s’est exprimé, ce matin à Alger, lors d’un débat organisé par la direction de campagne de Ali Benflis, à Alger.
Le professeur, accompagné de son collègue Laïd Zeghlami, a fait le procès des médias publics algériens et même de certains médias privés qui, selon lui, ne sont qu’une pâle copie des médias gouvernementaux. « Le gouvernement se considère comme légitime. Donc, il considère que toutes ses activités relèvent de service public », a ironisé l’enseignant qui dit craindre « que si on continue comme cela, l’Algérie risque de devoir payer pour passer des informations dans des chaînes étrangères ».
Les deux intervenants, rejoints dans leurs analyses par une assistance acquise, ont démontré que c’est l’absence de démocratie qui pousse le gouvernement à faire un usage abusif des médias publics. « Nous avons un rapport narcissique à l’image. Si un responsable apparaît à la télé, il en fait une réussite » a expliqué Zeghlami. Pour ce dernier, les médias publics, financés par l’argent du contribuable, font l’impasse sur une bonne partie des franges de la société. Or, explique encore l’enseignant, l’équité doit faire partie du rôle d’un média, public ou privé.
Plus réaliste, Ahmed Adhimi a exclu tout changement qui viendrait de l’université. « Ceux qui rêvent d’un changement qui viendrait de l’université se trompent. L’université est sinistrée, à l’image des autres composantes de la société ». Mais l’enseignant des sciences politiques ne perd pas forcément espoir. Pour lui, le changement doit s’articuler autour de trois axes : l’humain, les outils et, enfin, la volonté politique. « Les deux premiers éléments existent. Il reste à créer un rapport de force pour créer une vraie volonté de changement », a-t-il suggéré.
Les deux enseignants ont indiqué que la scène médiatique compte actuellement 147 journaux qui paraissent en Algérie. Mais seuls 5 à 6 ont des lecteurs d’où « la nécessité de revoir la publicité institutionnelle ».
Essaïd Wakli