Quels repères peuvent générer ces vies mouvementées que nous vivons ? Quelles valeurs pourrons nous attendre d’une société disloquée, fragmentée, où culminent individualisme et consumérisme, sur fond de crise morale et d’éternelles avancées technologiques ?
Si les progrès d’ordre matériels et technologiques sont remarquables, notre révolution de l’esprit est encore à l’ère de la préhistoire, sacrifiée au détriment d’un futur jamais autant déprécié ?
Adopter l’éthique de la compréhension, comme posture fondamentale est en quelque sorte, une démarche sacerdotale, qui interroge sur notre rôle en tant qu’individu social et complexe dans la société, et la portée de nos actions dans une démarche plus globale qui relève de l’avenir planétaire et civilisationnel de notre espèce.
Aborder cette bipolarité de la compréhension, exige un dépouillement profond de soi de tout préjugé. C’est une démarche absolument altruiste et désintéressée, qui place l’autre au centre de notre compréhension permanente. A travers une éducation plus humaine et complexe, qui étudie les autres structures mentales, les autres valeurs impératives répandues au sein des diverses cultures (croyances religieuses et respect dans les sociétés traditionnelles, ou culte de l’individu et respect des libertés et dans les sociétés démocratiques contemporaines).
Et qui enseigne la connaissance des rites et coutumes d’autrui.
Si nous érigeons l’éthique de la compréhension comme base fondatrice du « bien penser »qui permet d’appréhender l’être et son environnement, le local et le global, l’éthique de reliance est beaucoup plus ambitieuse, chez Edgar Morin. Elle vise à atteindre un art de vivre et un mieux être. Où il n’est plus question de perdre sa vie à la gagner, mais de donner toute sa place à l’amour, et essayer de concilier raison et passion. « Arriver en quelque sorte à vivre sa vie poétiquement, et non prosaïquement », comme le souligne Edgar Morin.
André Breton, chantre du surréalisme avait décrété en son époque : « La poésie a toujours été regardée comme une fin. J’en fais un moyen. ».
Pour abolir les conformismes et les préjugés et combattre le rationalisme, André Breton a usé de la poésie comme d’une arme aux multiples facettes que sont l’imagination, l’émerveillement, les récits de rêves et les surprises du hasard. « je ne veux pas changer de règles du jeu. Je veux changer de jeu », a-t-il aussi précisé. Le jeu social, tel que nous le vivons, aura définitivement besoin d’être repensé et redistribué sur la base d’une éthique plus globale et durable.
F.B-H
Pour approfondir votre Analyse
La Méthode d’Edgar Morin Tome 6, Ethique. Seuil.2004.
Manifeste du surréalisme d’André Breton. 1924.
Illustration : La Pierre et L’esprit. Peinture de Pierre Jean Couarraze.