L’Algérie célèbre sa première journée nationale de la liberté de la presse ce 22 octobre. Quelle place justement le pays accorde-t-il à cette liberté ? D’un côté l’Algérie est enviée pour sa liberté d’expression dans le monde arabe, et de l’autre elle ne cesse de reculer dans les classements mondiaux qui évalue justement le champ d’action des journalistes dans leurs Etats. Alors l’Algérie protège-t-elle réellement sa presse ?
Il y a semble-t-il deux visions de la liberté de la presse en Algérie. Celle de l’intérieur du pays qui estime que les journalistes algériens ont gagné avec les années un espace d’expression et des droits inaliénables pour faire correctement leur travail. Puis celle de l’extérieur de l’Algérie, qui voit le rôle du journaliste se dégrader avec le temps. Alors quel camp choisir ?
Encore du travail…
Le dernier classement de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières (RSF) publié il y a quelques jours estimait que l’Algérie avait perdu 3 places. Pourquoi ? Des agressions envers les journalistes, on se rappelle de plusieurs plaintes cette année du SNJ dénonçant des violences à l’encontre de différents reporters dans l’exercice de leur profession. RSF estime également que les promesses d’ouverture de l’espace médiatique n’ont pas été respectées. « Plus d’un an après le vote par le Parlement algérien d’une nouvelle loi sur l’information, censée abolir le monopole de l’audiovisuel public, l’autorité de régulation, préalable indispensable, n’a pas encore été instituée. Aucune chaîne de droit privé algérien n’a pu voir le jour. La nouvelle législation reste donc théorique, un simple effet d’annonce », expliquait RSF dans son rapport annuel. En outre, il faut rappeler la censure encore subie par les journalistes, qui doivent encore éviter des sujets tabous. A l’instar d’Hichem Aboud poursuivi par la justice algérienne pour avoir publié des informations sur la santé du Président lorsque ce dernier était malade. Plus récemment, une chronique parue dans le quotidien El Khabar a fortement déplu au Ministère de la défense nationale, qui a déclarer « se réserver le droit de poursuites judiciaires ».
Liberté assurée
Du côté de l’Algérie, on estime que le pays a fortement évolué. Pour preuve la mise en place de cette première journée nationale de la liberté de la presse, suite à un décret promulgué par Abdelaziz Bouteflika le 19 mai dernier. L’Algérie « est en droit aujourd’hui de se vanter de jouir d’une liberté d’expression garantie par toutes ses Constitutions », a estimé de son côté Farouk Ksentini , le président de la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH). A l’inverse de RSF, ce dernier voit une liberté de la presse qui ne cesse de gagner du terrain en Algérie. « Une presse indépendante qui s’exprimait en toute liberté dans le cadre de la loi qui interdit la diffamation et l’insulte et la publication d’informations mensongères », explique Farouk Ksentini qui soutient que les réformes politiques et législatives qui prônent, notamment l’ouverture du champ audiovisuel ont favorisé la liberté d’expression ces deux dernières années.