"Le management d’entreprise dans les pays du tiers-monde", ouvrage de Chérif Ouabdesselam : La préface du Docteur Mebtoul

Redaction

Un important ouvrage vient d’être publiée en ce mois de mai 2010 par Monsieur Chérif Ouabdesselamcadre supérieur et manager pendant de très longues années au niveau du Ministère de l’Energie et de Sonatrach sur un sujet d’une brulante actualité « le management d’entreprise dans les pays du Tiers Monde ». L’ouvrage de Monsieur Chérif Ouabdesselam, que j’ai eu l’honneur de suivre la rédaction et le plaisir de préfacer, livre à la fois une analyse théorique et pratique intéressante sur le management de l’entreprise et surtout sa propre expérience faisant le lien entre la théorie et la pratique, ce qui fait cruellement défaut dans notre pays( faiblesse de symbiose entre nos Universités et le monde économique) par une démonstration de vérité sans complaisances et sera me semble t-il un ouvrage de référence et un guide profitable aux seuls intérêts supérieurs de l’Algérie.

1- L’auteur montre brillamment la résultante de la nouvelle configuration de la division internationale du travail, produit historique de l’évolution du développement du capitalisme que l’on nomme aujourd’hui mondialisation, les anglo-saxons parlant plutôt de globalisation, que le capital se socialise dans différents dispositifs techno- organisationnels influant dans le rapport des individus au travail dont le nouveau système de communication est déterminant dans les savoirs sociaux , ayant des incidences à la fois sur la gouvernance d’entreprise, la gouvernance sociale et politique. Aussi, face à ces mutations, on ne saurait occulter l’anthropologie économique qui est un des facteurs essentiels pour le manager, ce que montre très bien l’auteur. Cette approche socio- culturelle évitant l’économicisme, qui rend compte de la complexité de nos sociétés doit beaucoup aux importants travaux sous l’angle de l’approche de l’anthropologie économique à l’économiste indien prix Nobel Amartya SEN où d’ailleurs selon cet auteur il ne peut y avoir de développement durable sans l’instauration d’un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de l’anthropologie culturelle de chaque société, qui permet à la fois la tolérance,, la confrontation des idées contradictoires utiles et donc l’épanouissement des énergies créatrices. Outre qu’il ne faille pas confondre Etat de droit et démocratie, cela ne signifie pas qu’il ne puisse pas avoir d’économie de marché sans démocratie qui est le but suprême, comme le montre certaines expériences historiques en Asie et en Amérique latine, mais avec le développement, à travers le temps, naissent des couches moyennes productives qui aspirent de plus en plus à la gestion de la Cité. Cela renvoie au concept de rationalité du grand philosophe allemand Emmanuel Kant « la Critique de la Raison pure , la rationalité étant relative et historiquement datée comme l’ont montré les importants travaux de l’anthropologue polonais Bronisław Kasper Malinowski , sur les tribus d’Afrique et d’Australie. Car, il s’agit de ne pas plaquer des schémas importés sur certaines structures sociales ou il y a risque d’avoir un rejet ( comme une greffe sur un corps humain) du fait que l’enseignement universel que l’on peut retirer de l’histoire des civilisation depuis que le monde est monde est qu’il n’existe pas de modèle universel. C’est pourquoi Chérif Ouabdesselam tentera, dès le début du livre d’évoquer les fondements culturels qui, selon lui, ont forgé l’état d’esprit des acteurs du développement économique et du progrès social, et ce, tant dans les pays avancés que du tiers-monde. L’auteur ne manque pas de préciser que ce dernier terme doit être perçu non point comme un fourre-tout à connotation régressive ou péjorative, mais plutôt comme une vision du monde dans lequel l’humanité doit évoluer vers plus de justice économique, sociale et politique. Aussi cet ouvrage vient au bon moment où notre économie connaît un déficit de management stratégique tant au niveau central que local impliquant la mise en place d’un système d’économie de marché concurrentielle à finalité sociale, loin de tout monopole qu’il soit public ou privé, car source de rentes et de surcoûts, grâce à l’importance de l’Etat régulateur, stratégique en économie de marché qui doit concilier les coûts sociaux et les coûts privés, cet ouvrage abordant en détail le management d’entreprise, une activité indispensable à la création d’emplois et à la production de richesses et par extension à une bonne gouvernance institutionnelle.

2.-L’auteur montre clairement l’évolution historique du concept de bonne gouvernance qui a été évoquée déjà par Aristote, mais a été formalisé il y a plus d’un demi-siècle chez les économistes américains, dont Ronald Coase, en 1937 dans  » The Nature of the firm  » dans lequel il explique que la firme émerge car ses modes de coordination interne permettent de réduire les coûts de transaction que génère le marché. Cette théorie, redécouverte dans les années 70 par les économistes institutionnalistes, et en particulier par Olivier Williamson, débouche sur des travaux qui définissent la gouvernance comme les dispositifs mis en oeuvre par la firme pour mener des coordinations efficaces qui relèvent de deux registres : protocoles internes lorsque la firme est intégrée (hiérarchie) ou contrats, partenariat, usage de normes lorsqu’elle s’ouvre à des sous-traitants Le terme  » corporate governance « , qu’on peut traduire par gouvernance d’entreprises, va ensuite être utilisé dans les milieux d’affaires américains tout au long des années 80. Par la suite, la notion de  » urban governance  » a été reprise par d’autres pays européens et s’est généralisée dans l’étude du pouvoir local et fait par ailleurs son apparition à la fin des années 80 dans un autre champ, celui des relations internationales. Le terme de  » good governance  » est employé par les institutions financières internationales pour définir les critères d’une bonne administration publique dans les pays soumis à des programmes d’ajustement structurel. Mais le pas décisif de la recherche sur la bonne gouvernance date des années 1990 en réaction à la vision, jugée techniciste, du New Public Management où a été posée cette question : la bonne gouvernance est-elle une conséquence de la pratique de la démocratie et l’Etat de droit ou sa cause ? Autrement dit, la liberté, la démocratie et l’Etat de droit, pris comme option politique peuvent-elles engendrer la bonne gouvernance, c’est-à-dire la bonne gestion des affaires publiques ? Car il serait erroné d’affirmer que la bonne gouvernance serait l’assimilation à la quantification de la croissance du PIB / PNB vision mécanique dépassée par les institutions internationales elles mêmes. Ainsi, des auteurs comme Pierre Calame ont mis en relief à juste titre que la crise de l’État ne connaît pas seulement une crise interne touchant à ses fonctions et à sa structure, mais concerne davantage la capacité de l’État à asseoir sa légitimité ainsi qu’à formuler des politiques publiques en phase avec les besoins socio-économiques. C’est dans ce cadre , comme consécration de la recherche du rôle fondamental des institutions et du management stratégique , cœur de la dynamique économique des conditions du développement, en octobre 2009 , que le jury du Prix Nobel en Sciences économiques de l’Académie Royale Suédoise des Sciences a choisi le travail d’une femme – Elinor Ostrom pour « son analyse de la gouvernance économique, en particulier des biens communs » et d’Olivier Williamson pour « son analyse de la gouvernance économique, en particulier des frontières de la firme » , analyse qui approfondissent celle du fondateur de la Nouvelle Economie Institutionnelle, (NEI), ayant comme chef de file, Douglass North, qui a démontré que les institutions ont un rôle très important dans la société déterminant la structure fondamentale des échanges humains, qu’elles soient politiques, sociales ou économiques et qu’elles constituent un des facteurs déterminants de la croissance économique de long terme, le terme d’institution désignant « les règles formelles et informelles qui régissent les interactions humaines », et aussi comme « les règles du jeu » qui façonnent les comportements humains dans une société. A travers les nouveaux prix Nobel, le jury a donc rappelé l’importance des institutions pour comprendre la coopération sociale, comment contrôler la coopération des différents agents économiques et faire respecter le contrat de coopération. Parce qu’il est coûteux de coopérer sur le marché, il est souvent plus économique de coopérer au sein d’une organisation. C’est là l’apport fondamental de Ronald Coase, mentor de Williamson qui permet de comprendre comment émerge le phénomène de la firme qui intègre une série d’activités de manière hiérarchique économise en coûts de transactions par rapport au marché, tenant compte bien entendu des coûts d’organisation. D’où la nécessité de l’analyse de la gouvernance des contrats au sein de la firme pour faire en sorte que la coopération au sein de la firme soit la meilleure possible. La structure de gouvernance fait alors référence à la rationalité limitée, l’incomplétude des contrats, mais aussi à la spécificité de certains actifs (non substituables donc), et prend en compte la nécessité d’adapter les organisations. En plus de cette analyse, en introduisant l’importance de la confiance et du « capital social » comme ciment de la coopération, Elinor Ostrom fait progresser également la gouvernance environnementale. Dans le sens de plus de décentralisation : implication des acteurs locaux dans la mise en place de la règle, reconnaissance de l’évolution des pratiques et des traditions, méfiance à l’égard des solutions toutes faites imposées de l’extérieur par une réglementation autoritaire alors que la diversité institutionnelle est nécessaire pour comprendre la complexité de notre monde.

3.-Et de fait, le lecteur pourra aisément se rendre compte à la lecture de cette importante contribution, à quel point la résolution des problèmes les plus urgents auxquels notre pays est confrontés à l’heure actuelle passe nécessairement par la promotion et le développement de cette activité entrepreneuriale. Chacun sait en effet que depuis 1986, l’Algérie traverse une transition dans laquelle économie dite planifiée et économie de marché concurrentielle s’entremêlent selon un processus dialectique. Si cette période présente un caractère à la fois critique et normal, il est cependant inhabituel qu’elle puisse durer aussi longtemps. Selon l’auteur, cette situation résulte en partie du retard apporté à la mise en place de structures décentralisées et de systèmes de rémunération selon les performances et surtout à l’éducation et à la formation pratique des hommes intégrés aux entreprises qui soient fondées sur nos propres valeurs. Et de fait, c’est l’homme intégré à l’entreprise qui génère la dynamique de la croissance et donc le développement économique et le progrès social, à travers la valorisation d’un savoir et d’un savoir-faire sans cesse adaptés aux nouvelles mutations technologiques. Or les bilans établis par les institutions internationales auxquelles l’Algérie a adhérées ont montré clairement le retard considérable pris par notre pays, notamment dans le domaine de l’éducation. Une telle situation, nous la devons, non point à une insuffisance de moyens financiers, loin s’en faut, mais essentiellement, à l’amont, à une éducation inappropriée, et à l’aval, à une dévalorisation du savoir et du savoir-faire au profit d’un développement effréné des emplois-rentes destructeurs de richesses et d’un marché informel étendu à l’ensemble de l’économie nationale, le tout généré par une exploitation pour le moins irraisonnée de la rente pétrolière et gazière. Il apparaît ainsi que la revalorisation du savoir et la réforme de l’école, mère de toutes les réformes, en insistant sur la qualité et non en se limitant aux dépenses monétaires, sont les conditions essentielles pour que nos entreprises puissent se développer et résister à la concurrence imposée par la mondialisation. De même qu’aucun résultat satisfaisant tant pour le client que pour l’entreprise ne peut être obtenu sans la mise en place de structures autonomes accompagnées de délégations de pouvoirs.

4.-C’est précisément le rôle assigné au management d’entreprise, une activité qualifiée par nombre d’experts comme étant l’art de faire face intelligemment au changement et dont l’auteur apporte une définition personnelle: « Le management d’entreprise est une activité intellectuelle qui consiste à organiser rationnellement des ressources humaines et matérielles en vue d’atteindre – voire de dépasser – des résultats planifiés et à exercer l’art de conduire des hommes afin qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes et se voir récompensés au prorata de leur contribution aux résultats » Dans ce cadre, l’auteur montre que le management d’entreprise constitue une condition préalable à la gouvernance institutionnelle, système de contrôle à l’échelle mondiale en plein essor qui s’étend en amont et en aval des programmes nationaux de développement économique et social et traite de sujets aussi importants et divers que la démocratisation, la résolution des conflits, l’efficacité administrative, l’Etat de droit et le contrôle de la corruption, le management d’entreprise constituant une voie incontournable pour atteindre les objectifs assignés à la bonne gouvernance. S’inspirant d’autres disciplines telles que l’histoire sociale ou la macro-sociologie qui se sont aussi intéressées aux institutions comme les bases structurantes de la vie sociale et politique, l’auteur renoue avec les traditions de l’économie politique qui s’intéressait aux mécanismes par lesquels l’action économique et sociale se réalise ; et d’autre part aux efforts des fonctionnalistes pour saisir les interconnections permanentes entre le système politique, l’économie et la société , le but étant de répondre à la question de la façon dont les choix sociaux sont façonnés par des dispositifs institutionnels. Et c’est là que nous retrouvons l’indispensable pont entre la théorie et la pratique évoqué précédemment. Ingénieur du Génie civil sorti des plus grandes écoles françaises, Chérif Ouabdesselam a fait de sa vie professionnelle le fondement d’une réflexion profonde et singulière. En sus de ses connaissances acquises auprès d’experts internationaux en management d’entreprise, l’auteur décrit comme exemples concrets les circonstances dans lesquelles fut réalisé le projet de pipeline reliant les gisements de pétrole de Hassi-Messaoud au port d’Arzew au cours des premières années de l’indépendance et dont il fut un des principaux responsables, ainsi que les conditions dans lesquelles fut gérée ALTRA, une des plus importantes filiales de Sonatrach dont il fut le leader durant plus de dix années, ce qui lui a valu d’être récompensé par une promotion à un poste de Vice-président de Sonatrach. L’auteur en tire des leçons non seulement pour décrire les techniques de management appliquées dans les pays avancés mais aussi pour tenter d’identifier les facteurs de blocage empêchant les entreprises du tiers-monde d’y accéder, notamment en Algérie, ainsi que les solutions qu’il croit utiles d’y apporter à la lumière de sa propre expérience. Partant de la constatation que toute activité managériale est sous-tendue par des valeurs puisées dans les cultures, l’auteur préconise de considérer la culture maghrébine comme la source privilégiée des valeurs tant universelles que spécifiques aux pays méditerranéens auxquelles pourraient adhérer nos managers d’entreprises. Ainsi pourraient-ils redécouvrir des valeurs communes héritées de l’âge d’or de l’Islam et susceptibles de les rendre plus efficaces et de contribuer ainsi au développement de véritables partenariats fondés sur des intérêts réciproques avec leurs homologues de la rive Nord de la Méditerranée d’où l’importance pour l’auteur du dialogue euro-méditerranéen. Or, la symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident par le dialogue des cultures et des religions permettra d’éviter tout choc de civilisations préjudiciables à l’avenir de l’humanité. L’intensification des relations entre l’Orient et l’Occident, la promotion de synergies culturelles, économiques (co-développement) et politiques sont seules à même d’intensifier une coopération pour un développement durable entre le Nord et le Sud, et ce, afin de faire de notre planète un lac de paix et de prospérité partagée, où seraient bannis l’extrémisme, le terrorisme et la haine.

5.-Partant de là, l’auteur n’occulte pas cet objectif stratégique qui est de repenser l’actuel système économique mondial en intégrant le défi écologique, ce système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l’avenir de l’humanité, accéléré d’ailleurs par les gouvernances les plus discutables de la part de la plupart des dirigeants du Sud, sur les 7 milliards d’âmes les 2/3 étant concentrées au sein de la zone Sud avec moins de 30% des richesses mondiales. Or, il s’agit de repenser tout le système financier mondial issu de Breeton Woods en 1945, la véritable économie de marché reposant sur l’entreprise créatrice de richesses et son soubassement le savoir et non sur la spéculation financière et ce dans un environnement concurrentiel. C’est que le divorce entre la sphère réelle et financière, les salaires déclinants dans le produit intérieur brut et les rentes spéculatives dominantes expliquent fondamentalement la crise mondiale actuelle depuis la crise des prêts hypothécaires d’août 2007. Les dernières réunions du G20 à Londres et à Pittsburgh durant l’année 2009 pays représentant plus de 80% de la richesse et plus de 60% de la population mondiale, comme en témoigne l’actuelle crise grecque ont été loin des attentes, devant repenser de nouvelles formes de régulation synchronisant la sphère réelle et financière , la dynamique économique et la dynamique sociale grâce à une gouvernance rénovée à l’échelle mondiale. L’auteur aborde avec lucidité le déséquilibre entre le Nord et le Sud. Car en ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criantes fait de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Sur plus de six milliards d’habitants que compte la planète, dont 44% en Asie du Sud – a moins d’un (01) dollar par jour de revenu. Si dans les pays du Nord, 5% de la population souffrent de malnutrition, ce taux monte à 50% dans les pays du tiers-monde. Le revenu moyen des 20 pays les plus riches est 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres qui appartiennent à l’Afrique sub- saharienne, à l’Asie du Sud et à l’Amérique Latine. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’humanité si rien de décisif n’est entrepris. L’auteur montre que la croissance ou pas de l’économie mondiale joue comme un vecteur essentiel dans l’accroissement ou la diminution des recettes de Sonatrach qui représente 98% de nos exportations. Pour preuve, les impacts la crise récente d’octobre 2008 du passage de la crise bancaire à une crise d’endettement des Etats , donc non encore terminée dont les ondes de chocs se font toujours sentir ( semi faillite récente d’ Abou Dhabi, et de la crise grecque qui risque de s’étendre à d ‘autres pays européens plus fragiles et à l’ensemble du monde du fait des interdépendances accrues des économies ) et en, cas d’une non maitrise de la dépense publique à un hyperinflation mondiale, ne n’étant pas attaqué à l’essence des deux fondamentaux d la crise à savoir la dominance de la sphère financière sur la sphère réelle et les distorsion entre les profits spéculatifs en hausse et les salaires réels en baisse , en fait au fondement du système économique mondial . L’auteur insiste particulièrement sur le fait que l’Algérie doit être attentifs à ces mutations tant dans la sphère réelle que monétaire qui peuvent avoir un effet négatif sur son économie. L’auteur qui a été vice président de Sonatrach, et moi même ayant suivi pendant plus de 30 années ce secteur, avons été confrontés à cette dure réalité d’économie mono- exportatrice dépendante à la fois du cours du dollar, du pétrole , du prix de cession du gaz ,donc des facteurs exogènes influant sur le rythme de financement de l’économie algérienne.

Aussi je crois sincèrement que ce livre pourrait contribuer efficacement à une meilleure prise de conscience de l’urgence pour l’Algérie de passer d’une économie de rente à une économie productive indépendante des hydrocarbures en s’appuyant sur quatre piliers: Le développement de l’activité managériale au sein des entreprises, le savoir, l’organisation en réseaux et une bonne gouvernance liée à un Etat de droit. J’espère que cet important ouvrage suscitera des débats contradictoires, l’intellectuel devant douter constamment, et cela doit s’appliquer également aux politiques, .se remettant toujours en question, selon cette devise d’une profonde sagesse que le plus grand ignorant est celui qui prétend tout savoir. L’histoire du cycle des civilisations, prospérité ou déclin, est intiment liée à la considération du savoir au sens large du terme et qu’une société sans intellectuels est comme un corps sans âme. Le déclin de l’Espagne après l’épuisement de l’or venant d’Amérique et certainement le déclin des sociétés actuelles qui reposent essentiellement sur la rente, vidant d’illusion à partir d’une richesse monétaire fictive ne provenant pas de l’intelligence et du travail. Aussi, attention pour l’Algérie du fait de la dévalorisation du savoir richesse bien plus importante que toutes les réserves d’hydrocarbures. Méditons également à la fois le syndrome hollandais (beaucoup d’argent, corruption généralisée, et absence de création de richesses durables), et l’expérience indonésienne dont le pays est devenu depuis 2007 importateur net lors qu’il était un grand producteur mais qui a eu l’intelligence de préparer l’après hydrocarbures.

Aussi s’agit –il, pour les générations futures de préparer l’après hydrocarbures à travers un management rénovée, l’Algérie , selon mon point de vue, ayant tous les atouts , matérielles mais surtout humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures, pour devenir un pays pivot au sein de l’espace euro- méditerranéen et arabo africain, son espace social naturel. C’est à quoi contribue l’excellent ouvrage de Monsieur Ouabdesselam Oubedesam que je recommande tant aux décideurs, aux managers, aux journalistes qui accomplissent un important travail de vulgarisation et aux étudiants.

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Docteur d’Etat


«Le management d’entreprise dans les pays du tiers-monde» de Chérif Ouabdesselam ex Vice président Sonatrach -Editions Dhalab mai 2010, Préface du docteur Abderrahmane Mebtoul