Plusieurs quotidiens nationaux sont aujourd’hui la cible du gouvernement algérien. Des publications algéroises, dont des journaux à fort tirage, sont menacées de fermeture à cause de factures impayées au niveau des imprimeries publiques, a-t-on appris de sources sûres.
Il est vrai que certains journaux ont des dettes colossales auprès des imprimeries étatiques. On parle de chiffres faramineux de 300 à 700 milliards de centimes (entre 30 et 70 millions d’Euros) pour des journaux arabophones à fort tirage comme Echorouk ou Ennahar. Mais il est difficile de vérifier une telle information. Contactée par nos soins, une source proche de la direction de publication d’un quotidien national a nié « une pression » exercée de la part du gouvernement. Il admet seulement qu’Echorouk a « un échéancier » qu’il respecte. Autrement dit : les dettes sont là. Même si Echorouk a créé, entre temps, une chaîne de télévision, à savoir Echorouk TV. Notre interlocuteur estime, en revanche, que « la pression existe sous une autre forme ». Son journal a vu son quota de publicité diminuer depuis plusieurs mois.
Un autre éditeur, un quotidien à petit tirage, reconnaît le litige avec l’imprimerie publique. « On a effectivement reçu une mise en demeure. Mais nous allons essayer de régler cela avec le ministère », explique notre source qui ne veut pas s’attirer les foudres de son partenaire commerciale. Le responsable concerné reconnaît une dette de « 5 milliards de centimes tout au plus». Or, d’autres sources indiquent que cette publication doit à l’imprimerie près de 9 milliards de centimes (900.000 euros).
D’autres publications sont également dans le collimateur des imprimeurs. Le journal El-Adjwaa, pourtant fervent supporter du chef de l’Etat, aurait cessé de paraître à cause de dettes impayées. Ce journal, qui n’aurait donc pas réglé ses dettes, a créé tout de même une chaîne de télévision.
Alors que des sources concordantes indiquent que plusieurs journaux vont subir la pression des imprimeurs publics, le ministère de la Communication dément toute implication. « Il s’agit de simples relations commerciales entre les éditeurs et les imprimeries », répond une source au ministère que gère depuis quelques semaines l’ancien journaliste Hamid Grine.
Essaïd Wakli